5-28 juillet 1995
Bosnie-Herzégovine. Conquête de deux zones de sécurité par les Serbes bosniaques
Le 5, le président français Jacques Chirac indique, lors d'une conférence de presse à Genève, sa volonté de désenclaver Sarajevo, soit par la négociation, soit par la force.
Le 6, les Serbes bosniaques engagent une offensive contre Srebrenica, dans l'est de la Bosnie, l'une des six enclaves décrétées « zones de sécurité » par l'O.N.U. en mai 1993, qu'ils assiègent depuis le début de la guerre, au printemps de 1992. La Force de réaction rapide (F.R.R.), qui n'est pas encore opérationnelle, ne peut intervenir.
Le 10, les Serbo-Bosniaques adressent un ultimatum aux forces de l'O.N.U. à Srebrenica, exigeant qu'elles procèdent à l'évacuation des 44 000 habitants de l'enclave avant de se retirer elles-mêmes.
Le 11, l'aviation de l'O.T.A.N., à la demande de la Forpronu, effectue deux raids contre les blindés serbes. Les hommes de Ratko Mladić s'emparent toutefois de Srebrenica, provoquant l'exode de milliers de Musulmans. Les Serbes menacent de bombarder les réfugiés fuyant l'enclave en cas de poursuite des frappes aériennes. Le président Chirac affirme qu'il est prêt à participer à une intervention visant à rétablir la zone de sécurité de Srebrenica si le Conseil de sécurité en fait la demande. Il exhorte celui-ci à « assumer ses responsabilités ». Dès le 12, les Serbes engagent une vaste opération de « purification ethnique » dans la zone.
Le 13, tandis que le secrétaire général de l'O.T.A.N., Willy Claes, déclare que Srebrenica est « définitivement perdue », le président français appelle la communauté internationale à organiser une « action militaire ferme et limitée » sous l'égide de l'O.N.U. afin de « donner un coup d'arrêt à l'abandon des enclaves ».
Le 14, les forces serbes engagent une nouvelle offensive contre Zepa et adressent un ultimatum à l'armée gouvernementale et aux casques bleus pour qu'ils évacuent Goražde. Ces deux enclaves sont les deux dernières zones de sécurité de Bosnie orientale.
Le 21, les ministres des Affaires étrangères des pays du « groupe de contact » (France, États-Unis, Russie, Grande-Bretagne, Allemagne), le secrétaire général de l'O.N.U., celui de l'O.T.A.N., les médiateurs, les responsables militaires de la Forpronu, des représentants des États membres de l'O.T.A.N. et des pays participant à la force de l'O.N.U., ainsi qu'un représentant de la Commission européenne, participent à une conférence, à Londres, sur la crise bosniaque. La déclaration finale prévoit « une réaction substantielle et décisive » en cas d'attaque serbe sur Goražde et réaffirme « la détermination [des participants] à ouvrir l'accès à Sarajevo ».
Le 24, au lendemain de la mort de deux officiers français de la Forpronu lors de bombardements serbes sur Sarajevo, des éléments britanniques et français de la F.R.R. prennent position sur la piste du mont Igman.
Le 25, les Serbo-Bosniaques s'emparent de l'enclave de Zepa, seconde « zone de sécurité » de l'O.N.U. à tomber entre leurs mains au cours du mois. La plupart de ses 12 000 habitants fuient ou sont expulsés. Le même jour, les Croates de Bosnie engagent une contre-offensive pour tenter de contenir l'assaut des forces serbo-bosniaques et des Serbes de Krajina contre la « zone de sécurité » de Bihać, située dans le nord-ouest du pays.
Le 25 également, le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie qui siège à La Haye engage des poursuites contre le chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzić et leur chef militaire Ratko Mladić, notamment pour génocide et crimes contre l'humanité.
Le 26, le Sénat américain, dominé par les républicains, adopte une résolution demandant la levée de l'embargo sur les armes à destination de la Bosnie.
Le 26 également, le secrétaire général de l'O.N.U., Boutros Boutros-Ghali, délègue au général Bernard Janvier, commandant des forces des Nations unies dans l'ex-Yougoslavie, le pouvoir d'ordonner des frappes aériennes pour défendre Goražde.
Le 27, le rapporteur spécial de l'O.N.U. pour les droits de l'homme dans l'ex-Yougoslavie, l'ancien Premier ministre polonais Tadeusz Mazowiecki, en fonctions depuis août 1992, présente sa démission justifiée par l'inaction des Nations unies qui ont « permis la chute de Srebrenica et de Zepa ».
Le 28, l'armée croate – qui a franchi la frontière bosniaque – et les Croates de Bosnie s'emparent de deux villes contrôlées par les Serbes dans l'ouest de la Bosnie et investissent une large zone de territoire. L'opération est destinée à couper Knin, capitale de la « république serbe » de Krajina, de la « république serbe » de Bosnie.