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5-28 juin 1988

France. Pas de majorité absolue pour le P.S. aux législatives

Le 5 a lieu le premier tour des élections législatives, au scrutin majoritaire à deux tours. Le taux de l'abstention, 34,26 p. 100 des électeurs inscrits, est le plus élevé jamais atteint pour une consultation législative sous les Ve, IVe et IIIe Républiques. La majorité présidentielle obtient 37,52 p. 100 des voix, ce qui représente un net progrès par rapport à mars 1986 (31,04 p. 100) et un léger déclin par rapport au premier tour de juin 1981 (37,5 p. 100). La différence pour la gauche avec 1981 est que le P.C. n'est plus comme alors à 16,17 p. 100, mais à 11,32 p. 100, ce qui représente d'ailleurs un net progrès sur le score d'André Lajoinie le 24 avril (6,76 p. 100). L'U.R.C., l'union entre le R.P.R. et l'U.D.F., en obtenant 37,67 p. 100 des suffrages, fait jeu égal avec le P.S. et ses alliés. En ajoutant les 2,85 p. 100 des divers droite, l'ancienne majorité parlementaire, avec 40,52 p. 100, est en recul de 4,4 p. 100 par rapport à mars 1986, mais progresse nettement par rapport aux 36,48 p. 100 de voix obtenues par Jacques Chirac et Raymond Barre au premier tour de l'élection présidentielle. Le Front national, avec 9,65 p. 100 des voix, a le même pourcentage qu'en mars 1986, mais il perd 4,74 p. 100 sur le score de Jean-Marie Le Pen le 24 avril.

Le 7, le P.S. et le P.C.F. s'entendent pour un retrait réciproque en faveur du candidat le mieux placé, mais les communistes refusent d'apporter leur soutien aux « candidats de la droite ou du patronat » qui ont obtenu l'étiquette majorité présidentielle, tandis qu'à droite un accord de désistement est conclu entre l'U.R.C. et le F.N. pour les Bouches-du-Rhône : présenté comme « local », il suscite l'indignation à gauche et de nombreuses réticences au centre. Raymond Barre exprime son trouble et Simone Veil affirme : « ... entre un Front national et un socialiste [...], je voterais pour un socialiste ».

Le 8, François Mitterrand déclare, devant le Conseil des ministres, qu'il a besoin, pour mener à bien sa mission, d'une « majorité stable ». Sur T.F.1, le 9, il souhaite « une majorité nette, sans qu'elle soit excessive ».

Le 12, le second tour confirme que le P.S. et ses alliés ne sont pas parvenus, en dépit des prévisions, à profiter comme en 1981 de la dynamique présidentielle. Malgré une participation plus forte, le taux d'abstention, à 30,04 p. 100, reste élevé. La majorité présidentielle gagne 61 sièges par rapport à l'Assemblée sortante, mais rate de 13 sièges la majorité absolue en faisant élire 275 des 575 députés. Le P.C.F. obtient 27 sièges, soit 8 de moins. À droite, l'U.D.F. a le même nombre de députés, 132, tandis que le R.P.R., avec 131 sièges, en perd 27. Le F.N. ne conserve qu'un seul de ses 32 élus. Sur les neuf autres députés, qui refusent de s'apparenter à un groupe, sept sont divers droite et deux proches de la majorité présidentielle.

Le 14, François Mitterrand déclare, dans une allocution, que, « même relative, la majorité parlementaire existe ». Il souhaite « voir progressivement se rassembler autour de [ses] choix [...] un nombre croissant de Français et de représentants du peuple », affirmant : « L'adhésion, qu'on appelle aussi ouverture, doit être recherchée autour des valeurs permanentes de la démocratie et de la République. »

Le 23 s'ouvre à l'Assemblée nationale la première session de la neuvième législature. Laurent Fabius est élu président en obtenant au deuxième tour de scrutin 301 voix (P.S., P.C.) contre 268 à Jacques Chaban-Delmas. Lors de l'élection, le 28, des six présidents de commissions, Valéry Giscard d'Estaing obtient des socialistes de continuer à diriger celle des Affaires étrangères.

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