5-28 novembre 1984
Chili. Rétablissement de l'état de siège par le général Pinochet
Le 5, Sergio Onofre Jarpa, ministre de l'Intérieur qui exerce les fonctions de chef du gouvernement depuis le 10 août 1983, remet sa démission : il estime qu'il a échoué à établir un dialogue avec l'opposition.
Le 6, le général Augusto Pinochet refuse la démission de Sergio Onofre Jarpa et décrète l'état de siège sur tout le territoire chilien. L'opposition déclare que le retour à l'état de siège, levé en mars 1978, est la preuve que, en onze ans de pouvoir, « le général Pinochet n'a résolu aucun problème, ni économique, ni social, ni politique ».
Le 8, la parution de six revues de l'opposition est interdite, et une stricte censure est imposée au reste de la presse.
Les 10 et 15, la police et l'armée encerclent des quartiers pauvres de la périphérie de Santiago. Des centaines de « suspects » sont interpellés et conduits dans un stade. En quelques jours, sept cents personnes sont incarcérées et près de la moitié d'entre elles sont déportées dans un camp, à Pisagua, à 2 100 kilomètres au nord de Santiago, près de la frontière péruvienne.
Le 23, une journée de jeûne et de prière est organisée dans toutes les églises du pays, à l'appel de Mgr Juan Francisco Fresno, archevêque de Santiago, qui rappelle que l'Église rejette à la fois « la violence subversive et la violence répressive ».
Les 27 et 28 a lieu la douzième protesta depuis mai 1983, à l'appel de l'opposition pour une fois unanime. Mais ces deux journées de protestation sont un échec, en raison, selon les organisateurs, de la censure, qui a empêché d'avertir la population, et de l'« occupation » des villes par l'armée.