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5-28 octobre 1996

France. Regain de tension entre le gouvernement et les nationalistes corses après l'attentat contre la mairie de Bordeaux

Le 5, l'explosion d'une bombe à l'hôtel de ville de Bordeaux, dont le maire est le Premier ministre Alain Juppé, cause d'importants dégâts.

Le 7, à la suite de la revendication de l'attentat par le F.L.N.C.-Canal historique, branche armée d'A Cuncolta naziunalista, Alain Juppé déclare que « le gouvernement est déterminé à combattre ce terrorisme-là, comme [il a] combattu, l'an dernier, d'autres formes de terrorisme » – référence aux attentats islamistes de l'été et de l'automne de 1995. Évoquant « ceux qui défient ouvertement la loi en Corse », « à l'instar de véritables mafias », il annonce que « l'objectif est le démantèlement de leurs réseaux et leur mise hors d'état de nuire ». Le 30 septembre, le F.L.N.C.-Canal historique avait déjà, pour la première fois depuis la vague d'actions terroristes anonymes de l'été en Corse, revendiqué un attentat commis la veille contre le palais de justice d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Ces signatures officielles illustrent la rupture anticipée, quoique non déclarée, de la trêve observée par l'organisation clandestine depuis janvier. La trêve était déjà régulièrement violée depuis la fin de non-recevoir opposée par le Premier ministre aux revendications nationalistes lors de son voyage dans l'île, en juillet.

Le 16, la cour d'appel de Bastia condamne, en son absence, François Santoni, secrétaire national d'A Cuncolta, à un an de prison dont quatre mois ferme pour port d'arme illégal.

Le 17, alors que des bâtiments publics continuent à être la cible d'explosions criminelles en Corse, le F.L.N.C.-Canal historique revendique deux attentats commis la veille contre le palais de justice et le centre des impôts de Nîmes (Gard).

Le 17 également, le ministère de la Justice annonce que la section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie, la veille, de l'ouverture d'une information judiciaire au sujet du rassemblement de quelque six cents militants nationalistes cagoulés et armés, dans le maquis, à Tralonca en janvier, à la veille du déplacement dans l'île du ministre de l'Intérieur Jean-Louis Debré.

Le 19, dans une lettre ouverte au garde des Sceaux, François Santoni accuse le gouvernement d'étouffer des affaires relatives à l'assassinat de certains membres d'A Cuncolta.

Le 24, douze militants nationalistes corses proches du F.L.N.C.-Canal historique sont interpellés dans l'île et sur le continent dans le cadre de l'enquête sur l'attentat de Bordeaux.

Le 26, la gendarmerie de Porto-Vecchio (Corse-du-Sud) est la cible d'un attentat à l'arme lourde, un tir de roquette sans charge explosive.

Le 28, le quotidien lorrain L'Est républicain publie un entretien avec François Santoni dans lequel le dirigeant nationaliste fait état des contacts établis par le gouvernement avec le F.L.N.C.-Canal historique. Il donne les noms des conseillers du Premier ministre qui ont joué le rôle d'émissaires auprès de l'organisation clandestine et affirme que le rassemblement de Tralonca « a été négocié avec le gouvernement dans les détails ». Matignon dément.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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