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5-29 janvier 1987

États-Unis. Records de la Bourse de New York malgré la crise de confiance à l'égard du président Ronald Reagan

Le 5, Ronald Reagan adresse au Congrès le projet de budget pour l'année fiscale qui commence en octobre 1987. Pour la première fois, les dépenses prévues dépassent la barre des 1 000 milliards de dollars. Mais l'objectif de la loi Gramm-Rudman, prévoyant un retour progressif à l'équilibre en 1991, est respecté : le déficit budgétaire devrait être ramené en 1988 à 107,8 milliards de dollars, contre 173,2 milliards prévus en 1987 et 220,7 milliards atteints en 1986. La progression des dépenses militaires (312 milliards de dollars) est limitée à 3 p. 100 en termes réels, la plus faible depuis 1981. Les économies proposées sont faites grâce à des cessions de biens publics et de nouvelles coupes dans les dépenses civiles. Les démocrates, majoritaires dans les deux chambres du Congrès, se déclarent décidés à modifier profondément ce projet de budget, jugé « totalement irréaliste ».

Le 5 également, Ronald Reagan est hospitalisé pour subir une intervention bénigne qui se déroule normalement et, le 8, il quitte l'hôpital « en pleine forme ». Mais l'inquiétude sur la santé du président, âgé de 75 ans, s'est ajoutée à la perte de crédibilité subie depuis deux mois en raison du scandale des ventes d'armes à l'Iran et du financement clandestin des « contras » nicaraguayens.

Le 8, l'indice Dow Jones, qui exprime depuis 1896 les variations des principales valeurs industrielles de la Bourse de New York, franchit pour la première fois la barre psychologique des 2 000 : de 777 en août 1982, il n'a pratiquement pas cessé de monter, bien que la hausse n'ait atteint, pour toute l'année 1986, que 26 p. 100. Mais au mois de janvier il bat tous les records, atteignant, le 28, 2 162,38 après être monté presque sans interruption de 270 points. Cette hausse exceptionnelle, qui paraît paradoxale alors que la croissance économique est inférieure aux prévisions et que le déficit du commerce extérieur s'est élevé en 1986 au niveau jamais atteint de 169,8 milliards de dollars, exprime surtout la confiance des Américains dans les marchés financiers, qui procurent depuis plusieurs années une rentabilité élevée.

Le 9, alors que les révélations sur le scandale de l'« Irangate » continuent à se multiplier dans la presse, la Maison-Blanche publie le document, signé le 17 janvier 1986 par Ronald Reagan, autorisant les ventes secrètes d'armes à l'Iran. Mais, le 16, Robert McFarlane, ancien conseiller pour la sécurité nationale, assure que le feu vert présidentiel a été donné dès le début du mois d'août 1985.

Le 27, Ronald Reagan prononce devant les membres du Congrès le traditionnel discours sur l'état de l'Union. À propos du scandale des ventes d'armes à l'Iran, il se contente de déclarer qu'il « assume l'entière responsabilité » de l'échec de sa tentative de rapprochement avec l'Iran, mais ne livre aucun détail et ne fait pas son autocritique.

Le 29, un premier rapport d'enquête sur l'« affaire » est rendu public : il s'agit de celui qui a été élaboré par la commission du Sénat pour les affaires de renseignement. Bien qu'il affirme qu'« il n'y a pas de preuve » que le président « ait ordonné » ou « ait été au courant » du détournement de fonds au profit de la guérilla anti-sandiniste, il n'en est pas moins très sévère pour l'administration Reagan. Le rapport estime que la politique étrangère du gouvernement était menée par des « amateurs » et il contredit le président en souligant que, contrairement à ses affirmations, les ventes d'armes à l'Iran devaient aussi servir à obtenir la libération des otages américains détenus au Liban.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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