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5-30 juillet 1991

Royaume-Uni. Enquête sur la B.C.C.I

Le 5, les autorités monétaires de plusieurs pays, dont la Grande-Bretagne, les États-Unis, la France, le Luxembourg, la Suisse et l'Espagne, décident de suspendre sur leur territoire les activités de la Bank of Credit and Commerce International (B.C.C.I.). À l'initiative de la Grande-Bretagne, une enquête est en cours sur les activités de cet établissement fondé en 1972 au Pakistan et implanté dans soixante-neuf pays. Ses actifs s'élèvent à 20 milliards de dollars (environ 120 milliards de francs), et son actionnaire principal (77 p. 100) est l'émir d'Abou-Dhabi, Cheikh Al-Nahyan, président des Émirats arabes unis. Grâce à une coopération internationale exceptionnelle dans un secteur traditionnellement discret, l'enquête fait apparaître un « trou » d'une soixantaine de milliards de francs ainsi que des fraudes à grande échelle : il s'agirait aussi bien de blanchiment d'argent sale, provenant du trafic de stupéfiants, que d'affaires de terrorisme, d'espionnage en relation avec la C.I.A., voire de trafic d'armes nucléaires. Ces révélations provoquent d'importants remous dans plusieurs pays où opérait la banque arabe, en particulier aux États-Unis, mettant en cause des personnalités haut placées.

Le 19, le gouvernement britannique ordonne une enquête sur la conduite de la Banque d'Angleterre dans cette affaire. Il est reproché à son gouverneur, Robin Leigh-Pemberton, informé depuis plusieurs mois des agissements frauduleux de la B.C.C.I., d'avoir tardé à suspendre ses activités afin de ménager des intérêts financiers et diplomatiques proches de la Couronne.

Le 22, c'est au tour du Premier ministre, John Major, de venir se défendre à ce sujet devant la Chambre des communes, au cours d'une séance houleuse.

Le 29, les autorités américaines inculpent neuf des dirigeants de la banque, dont son fondateur, le Pakistanais Agha Hasan Abedi, tandis que l'établissement se voit infliger, en tant que personne morale, une amende de 200 millions de dollars pour des fraudes sur le territoire des États-Unis.

Le 30, la Haute Cour de Londres ajourne sa décision sur la liquidation de la B.C.C.I. afin de permettre l'élaboration d'un plan de sauvetage par l'émirat d'Abou-Dhabi, qui semble disposé à éponger une partie des déficits.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

Événements précédents

  • 3 juillet 1991 Royaume-Uni. Échec des pourparlers intercommunautaires en Irlande du Nord

    Les discussions politiques entre protestants et catholiques sur l'avenir des six comtés de l'Ulster s'achèvent sur un échec. Proposées pour le 30 avril par Peter Brooke, ministre britannique chargé de l'Irlande du Nord, elles n'avaient pu s'ouvrir que le 17 juin à Belfast. C'était la première fois depuis...

  • 21 mars 1991 Royaume-Uni. Annonce de la suppression de la « poll tax »

    Le gouvernement de John Major annonce, à la grande satisfaction de l'opposition travailliste, la suppression, en avril 1993, de la « poll tax », impôt local par personne, identique pour tous, instauré en avril 1990 par Margaret Thatcher. Très impopulaire, cet impôt avait été la cause de violentes manifestations...

  • 14 mars 1991 Royaume-Uni. Libération des « six de Birmingham »

    Six Irlandais, injustement emprisonnés depuis plus de seize ans, sont libérés à Londres après la révision de leur procès. Ces six hommes, sympathisants de l'Armée de libération irlandaise, mais n'appartenant pas à l'I.R.A., avaient été condamnés en 1975 à la détention perpétuelle à la suite de l'explosion...

  • 7-18 février 1991 Royaume-Uni. Regain du terrorisme irlandais à Londres

    Le 7, à Londres, la résidence du Premier ministre est la cible de trois obus de mortier, tirés à partir d'une camionnette garée non loin de là. Manquant leur cible de peu, ils blessent néanmoins trois personnes et occasionnent des dégâts matériels. L'attentat intervient alors que John Major a réuni les...

  • 28 novembre 1990 Royaume-Uni - Syrie. Rétablissement des relations diplomatiques

    La Grande-Bretagne et la Syrie annoncent la reprise de leurs relations diplomatiques. Celles-ci avaient été rompues en octobre 1986 à la suite d'un attentat terroriste, pour lequel le gouvernement britannique avait alors affirmé détenir la preuve de la complicité des services secrets syriens.

  • 1er-28 novembre 1990 Royaume-Uni. Démission de Margaret Thatcher

    Le 1er, sir Geoffrey Howe démissionne de ses fonctions de vice-Premier ministre et de chef du groupe conservateur à la Chambre des communes. Provoqué par l'intransigeance politique de Margaret Thatcher sur la question européenne, ce départ de l'ultime représentant du premier cabinet Thatcher en 1979...

  • 27 septembre 1990 Royaume-Uni - Iran. Rétablissement des relations diplomatiques

    Le 27, les deux États annoncent le rétablissement de leurs relations diplomatiques, rompues le 7 mars 1989 à l'initiative de Téhéran à la suite de la publication des Versets sataniques de Salman Rushdie. Trois otages britanniques sont encore détenus au Liban par des groupes pro-iraniens.

  • 28 août 1990 Royaume-Uni. Verdict dans le procès Guinness

    Le tribunal londonien de Southwark rend son verdict dans l'un des procès les plus longs (107 jours) et les plus coûteux (20 millions de livres, environ 200 millions de francs) de l'histoire judiciaire britannique, en condamnant sévèrement les instigateurs de l'O.P.A. lancée en 1986 par le groupe anglo-irlandais...

  • 30 juillet 1990 Royaume-Uni - Japon. Rachat d'I.C.L. par Fujitsu

    Fujitsu, numéro un japonais de l'informatique, annonce l'achat de 80 p. 100 du capital d'I.C.L. (International Computers Limited), principal fabricant britannique d'ordinateurs, pour 742,8 millions de livres (environ 7,5 milliards de francs). Cet accord provoque d'autant plus de réactions en Grande-Bretagne...

  • 20-30 juillet 1990 Royaume-Uni. Des objectifs civils pris pour cibles par l'I.R.A

    Le 20, une bombe explose à la Bourse de Londres, où elle provoque un début d'incendie. Grâce à un coup de téléphone préalable, qui permet d'attribuer l'attentat à l'Armée républicaine irlandaise (I.R.A.), aucune victime n'est à déplorer. Cette explosion, qui est à rapprocher de celle qui avait dévasté,...