5-31 décembre 2006
États-Unis - Irak. Publication du rapport Baker-Hamilton et exécution de Saddam Hussein
Le 5, lors de son audition par la commission des forces armées du Sénat, Robert Gates, nommé secrétaire à la Défense par le président George W. Bush, répond négativement à la question: « Sommes-nous en train de gagner en Irak? ».
Le 6, le groupe d'étude bipartite sur l'Irak, mis en place par le Congrès en mars et dirigé conjointement par l'ancien secrétaire d'État républicain James Baker et le démocrate Lee Hamilton, rend public son rapport; celui-ci affirme que « la situation en Irak est grave et va en se détériorant », et recommande un changement de la politique américaine. L'objectif de Washington – édifier un Irak capable de « se gouverner, de subvenir à ses besoins et de se défendre » – doit être atteint par des moyens principalement diplomatiques, qui incluent notamment l'ouverture d'un large dialogue, tant avec l'opposition irakienne qu'avec l'Iran et la Syrie. Le rapport préconise le retrait des combattants américains en Irak avant la fin du premier trimestre de 2008, si la situation le permet, et rejette le principe d'une présence américaine à long terme dans le pays. Il replace le conflit israélo-palestinien au centre de la politique des États-Unis au Moyen-Orient.
Le 7, George W. Bush et le Premier ministre britannique Tony Blair donnent une conférence de presse commune à Washington. Ils annoncent une relance du processus de paix israélo-palestinien. Tony Blair accepte le principe d'une ouverture diplomatique en direction de Téhéran et de Damas, que George W. Bush subordonne à des gestes préalables de l'Iran sur le dossier nucléaire, et de la Syrie sur le dossier libanais.
Le 12, à Bagdad, un double attentat à la voiture piégée dirigé contre la communauté chiite cause la mort d'au moins soixante-dix personnes.
Les 16 et 17 se tient à Bagdad une « conférence de réconciliation ». Celle-ci entérine la proposition du Premier ministre Nouri Al-Maliki de réintégrer dans l'armée ou bien de pensionner quelque trois cent cinquante mille anciens officiers membres du parti Baas, dont certains servent l'insurrection sunnite.
Le 19, dans un entretien accordé au Washington Post, le président Bush se déclare favorable à un renforcement des effectifs des forces armées américaines en Irak, option en contradiction avec le rapport Baker-Hamilton, et au sujet de laquelle le camp républicain comme l'armée sont partagés.
Le 20, dans sa conférence de presse de fin d'année, George W. Bush réaffirme sa confiance dans une victoire américaine en Irak, tout en prévoyant des « sacrifices supplémentaires ». Il exclut l'ouverture d'un dialogue direct avec Téhéran et Damas.
Le 25, l'armée américaine arrête en Irak des Iraniens soupçonnés d'avoir commis des attentats.
Le 26, la cour d'appel de Bagdad confirme la sentence du Haut Tribunal pénal, rendue en novembre, qui condamnait à mort Saddam Hussein pour avoir fait massacrer, en 1982, cent quarante-huit habitants chiites du village de Doujaïl. « Je m'offre au sacrifice. Si Dieu le tout-puissant le désire, mon âme ira auprès des martyrs », commente l'ancien dictateur.
Le 30, Saddam Hussein est pendu à Bagdad. Le président Bush déclare que son exécution « marque la fin d'une année difficile pour le peuple irakien et nos troupes ». Tandis que l'Iran et Israël se félicitent, la Libye dénonce l'exécution du « prisonnier de guerre » Saddam Hussein et ordonne trois jours de deuil.
Le 31, Saddam Hussein est enterré dans son village natal d'Al-Awja, près de Tikrit, en présence d'un petit nombre de membres de sa tribu. La diffusion d'images vidéo non officielles de son exécution indique que celle-ci a été accompagnée dans l'assistance d'injures et d'invocations du nom de son ennemi, le chef religieux chiite Moqtada Al-Sadr. La plupart des capitales arabes critiquent la coïncidence de l'exécution avec le jour de l'Adha, l'une des plus importantes fêtes du calendrier musulman. La Russie et l'Inde font part de leur réserve.
Le 31 également est franchi le seuil des trois mille soldats américains tués en Irak. Avec cent onze morts, ce mois de décembre est un des plus meurtriers depuis le début de l'intervention, en mars 2003.