5 juin-5 juillet 2018
Allemagne. Accord sur la politique migratoire
Le 5, le ministre-président de Bavière Markus Söder (Union chrétienne-sociale, CSU) présente un « plan pour l’asile », alors que des élections doivent se dérouler en octobre dans le Land où l’Alternative pour l’Allemagne (AfD, extrême droite) progresse. Ce plan prévoit la possibilité d’expulser de Bavière les étrangers en situation irrégulière, ainsi que l’ouverture de centres pour les demandeurs d’asile afin de mieux les contrôler pendant l’examen de leur demande. Markus Söder bénéficie de l’appui de son prédécesseur Horst Seehofer, ministre fédéral de l’Intérieur et président de la CSU.
Le 13, Horst Seehofer rencontre le chancelier autrichien Sebastian Kurz, de passage à Berlin, qui défend à cette occasion la formation d’un « axe des bonnes volontés » sur la question migratoire entre les ministres de l’Intérieur autrichien, italien – membres de partis d’extrême droite – et allemand.
Le 18, Horst Seehofer donne à Munich une conférence de presse concurrente de celle que tient au même moment la chancelière Angela Merkel à Berlin pour exposer sa politique migratoire. Il annonce l’expulsion, à compter de début juillet, de tous les demandeurs d’asile ayant déposé un dossier ou enregistré dans un autre État de l’Union, en application stricte du règlement de Dublin que Berlin n’observe plus depuis la crise migratoire de 2015. Horst Seehofer accorde une quinzaine de jours à la chancelière pour trouver un accord au niveau européen avant de mettre sa mesure à exécution. De son côté, Angela Merkel s’oppose à toute décision « unilatérale » en ce domaine, privilégiant une « solution européenne ».
Le 29, Angela Merkel estime que l’accord sur la gestion des flux migratoires obtenu lors du sommet européen, ainsi que les deux accords bilatéraux conclus avec la Grèce et l’Espagne sur le renvoi des migrants enregistrés dans ces pays ont un effet « plus qu’équivalent » aux mesures projetées par Horst Seehofer.
Le 5 juillet, Angela Merkel et Horst Seehofer concluent un accord sur le refoulement des migrants déjà enregistrés dans un autre pays, qui illustre un durcissement de la politique migratoire fédérale. Le Parti social-démocrate s’y rallie après avoir obtenu deux garanties. Les migrants ne seront pas placés dans des « zones de transit », tel qu’initialement prévu, mais dans des postes de police proches de la frontière autrichienne. En outre, les procédures visant à identifier le pays compétent pour l’examen de la demande d’asile ne devront pas excéder une durée de quarante-huit heures. Horst Seehofer annonce la négociation d’accords de renvoi avec Rome et Athènes.