6-15 décembre 1992
Inde. Émeutes intercommunautaires et crise politique après la destruction de la mosquée d'Ayodhya
Le 6, des fondamentalistes hindouistes détruisent la mosquée de Babur, à Ayodhya, l'une des sept villes saintes de l'hindouisme, dans l'État d'Uttar Pradesh, à 550 kilomètres au sud-est de New Delhi. L'édifice, bâti au XVIe siècle, aurait occupé l'emplacement d'un ancien temple hindou dédié au dieu Rama. Les forces de l'ordre n'interviennent pas. Des émeutes s'étaient déjà déroulées à Ayodhya en octobre 1990, provoquant le retrait du soutien du Parti du peuple indien (B.J.P., hindouiste) au Premier ministre Vishwanath Pratap Singh et la chute de ce dernier. Devenu en 1991 la principale force d'opposition, le B.J.P. avait fait de la destruction de la mosquée de Babur sa principale revendication et avait appelé ses partisans à manifester à Ayodhya. Le Premier ministre fédéral Narasimha Rao démet aussitôt le Premier ministre (B.J.P.) de l'Uttar Pradesh et place provisoirement l'État sous administration directe de New Delhi. Le 15, il dissoudra les assemblées régionales des trois autres États contrôlés par le B.J.P., dans le nord du pays.
Le 7, des émeutes anti-indiennes éclatent dans plusieurs pays musulmans, notamment au Pakistan et au Bangladesh. En Inde, les affrontements entre hindouistes – qui représentent 82 p. 100 de la population – et musulmans – 11 p. 100 – se poursuivront durant plusieurs jours, causant plus de onze cents morts. Narasimha Rao est confronté aux attaques de l'opposition de gauche et aux manœuvres de ses adversaires au sein du Parti du Congrès.
Le 8, huit des principaux dirigeants hindouistes sont arrêtés.
Le 10, plusieurs organisations hindouistes et musulmanes fondamentalistes sont interdites.