6-19 avril 1996
Liberia. Reprise des combats entre factions rivales
Le 6, des affrontements accompagnés de pillages éclatent à Monrovia, au lendemain de la décision du Conseil d'État – la présidence collégiale du pays – de faire arrêter Roosevelt Johnson, chef de la branche krahn du Mouvement uni de libération (Ulimo-k), afin de le traduire en justice à la suite des assassinats perpétrés par ses hommes dans la capitale. En août 1995, les factions rivales avaient signé un accord de paix qui avait mis fin à la guerre civile engagée en décembre 1989 et permis la mise en place d'institutions de transition. Les combats opposent les milices de l'ethnie krahn – l'Ulimo-k, le Conseil pour la paix au Liberia de George Boley et les Forces armées libériennes de Hezekiah Bowen – à leurs rivaux de la branche mandingue de l'Ulimo dirigée par Alhaji Kromah et du Front national patriotique du Liberia de Charles Taylor. George Boley, Alhaji Kromah et Charles Taylor sont membres de la présidence collégiale. Les soldats nigerians de la Force ouest-africaine d'interposition (Ecomog), que des témoins accusent de participer aux pillages, s'abstiennent d'intervenir. Les Krahn s'emparent de centaines d'otages civils, parmi lesquels des Libanais ainsi que des soldats de l'Ecomog, et se réfugient dans le camp militaire Barclay, à Monrovia.
Le 9, les États-Unis, qui entretenaient des relations privilégiées avec le Liberia, fondé par d'anciens esclaves noirs libérés, décident d'évacuer leurs ressortissants ainsi que les autres étrangers présents à Monrovia. Il s'agit de la troisième opération d'évacuation dirigée par les États-Unis au Liberia après celles de 1990 et de 1992.
Le 11, les États-Unis annoncent l'envoi de navires de guerre transportant 1 600 marines pour participer aux opérations d'évacuation des étrangers.
Le 16, les troupes de Charles Taylor et d'Alhaji Kromah lancent une offensive contre le camp Barclay.
Le 19, les combattants concluent un cessez-le-feu sous l'égide des États-Unis, de l'O.N.U. et du Ghana. Les otages libanais retenus par les miliciens krahn sont libérés. Les soldats de l'Ecomog s'interposent entre les belligérants.