6-19 janvier 1993
Irak. Nouvelles attaques alliées en réaction aux provocations de Bagdad
Le 6, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, principaux partenaires de la coalition anti-irakienne, menacent l'Irak de représailles s'il ne retire pas « immédiatement » les batteries de missiles sol-air qu'il a installées quelques jours auparavant dans la zone d'exclusion aérienne située au sud du 32e parallèle. Cette zone avait été instaurée en application de la résolution 688 du Conseil de sécurité des Nations unies du 5 avril 1991, afin de protéger les populations chiites des bombardements irakiens. Depuis l'élection du nouveau président américain, l'Irak multiplie les provocations à l'égard de la coalition occidentale. Le 8, à l'expiration de l'ultimatum des Alliés, le Pentagone annonce que les missiles « ne sont plus en position de tir ».
Du 10 au 13, des soldats irakiens effectuent une série d'incursions en territoire koweïtien dans les parages du port d'Oum-Qasr, ancienne base navale irakienne, afin de récupérer des armes dissimulées lors de la guerre du Golfe, ainsi que du matériel.
Le 13, les aviations américaine, britannique et française effectuent un raid dans le sud de l'Irak contre des bases de missiles antiaériens et des sites de radar. L'opération fait dix-neuf morts selon Bagdad. Le président américain George Bush annonce l'envoi au Koweït d'un bataillon de mille deux cent cinquante hommes équipés de chars afin de repousser toute nouvelle incursion irakienne.
Le 17, à la suite d'un nouveau refus de l'Irak de garantir la sécurité des vols de l'O.N.U. au-dessus de son territoire, que Washington considère comme une nouvelle provocation, des bâtiments américains croisant dans le Golfe bombardent un complexe industriel situé dans la banlieue de Bagdad et présumé abriter des activités nucléaires. L'hôtel Rachid et quelques habitations du centre-ville sont touchés par erreur, ce qui provoque la mort de trois personnes au moins. Les pays arabes et musulmans dénoncent la sélectivité de la répression américaine, faisant allusion aux résolutions de l'O.N.U. au sujet de l'expulsion par Israël des quatre cent quinze Palestiniens ou de l'agression serbe contre les Musulmans de Bosnie. De son côté, Moscou adresse une mise en garde à Washington, déplorant notamment les victimes civiles.
Le 18, des appareils américains, français et britanniques participent à un nouveau raid dans le sud du pays contre des installations militaires, raid qui fait vingt et un morts selon Bagdad.
Le 19, « en signe de bonne volonté envers le nouveau président et le peuple américain », le président Saddam Hussein décrète un cessez-le-feu unilatéral à compter du 20, et autorise la reprise des vols de l'O.N.U. Les nouveaux incidents aériens impliquant des appareils américains, qui surviennent le jour même et les jours suivants, ne remettent pas en cause la décision irakienne.