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6-24 février 1987

Liban. Aggravation de la « guerre des camps » et retour en force de l'armée syrienne à Beyrouth-Ouest

Le 6, les Palestiniens du camp de réfugiés de Borj-Barajneh, dans la banlieue sud de Beyrouth, demandent aux autorités religieuses musulmanes l'autorisation de se nourrir de chair humaine. En effet, la famine sévit dans le camp où les vingt mille habitants sont assiégés par les miliciens du mouvement chiite d'Amal depuis une centaine de jours. La situation est à peu près identique dans le camp proche de Chatila qui ne compte plus que quatre mille habitants après les violents combats qui ont eu lieu à la fin de novembre 1986, de même qu'à Rachidieh, près de Tyr, dans le sud du Liban, où dix-sept mille Palestiniens vivent encore en dépit des combats, intermittents depuis le 30 septembre 1986. L'appel spectaculaire des réfugiés du camp de Borj-Barajneh provoque une relance des tentatives de médiation, mais ce n'est que le 14 qu'un convoi de vivres peut pénétrer dans le camp. Les miliciens d'Amal lèvent le blocus alimentaire mais maintiennent le siège militaire et des bombardements sporadiques se poursuivent. À Rachidieh, les habitants sont autorisés le 15 à sortir pour acheter des vivres et le camp de Chatila est ravitaillé le 27.

Le 15 commencent à Beyrouth-Ouest, le quartier musulman de la capitale libanaise, de très violents affrontements qui opposent les miliciens druzes du Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, assistés de combattants communistes, sunnites et palestiniens, aux miliciens chiites d'Amal. Ces derniers perdent en quelques jours le contrôle des trois quarts de Beyrouth-Ouest. Les combats, considérés comme les plus violents depuis le déclenchement de la guerre civile en 1975, font au moins deux cents morts et des dégâts considérables.

Le 20, Rachid Karamé, chef du gouvernement libanais, et Hussein Husseini, président de l'Assemblée, se rendent à Damas afin de demander à l'armée syrienne d'intervenir à Beyrouth-Ouest pour séparer les belligérants, qui sont tous censés être des alliés de Damas.

À partir du 22, plus de sept mille soldats syriens entrent dans Beyrouth-Ouest avec des chars et de l'artillerie. Des observateurs syriens se trouvaient dans le secteur musulman de la capitale libanaise depuis juillet 1986, mais c'est la première fois que les troupes syriennes y reviennent en force depuis qu'elles en avaient été chassées par l'arrivée de l'armée israélienne en août 1982. Le général Kanaan, chef des services syriens de renseignements au Liban, qui dirige les opérations militaires, avertit que les miliciens en armes qui refuseront de se soumettre à l'ordre syrien seront traités en « ennemis ». Cependant, le camp chrétien condamne cette nouvelle intervention syrienne, mais Israël ainsi que la plupart des pays arabes ou occidentaux s'abstiennent de la critiquer.

Le 24, vingt-trois militants du Hezbollah (parti de Dieu, pro-iranien) sont tués par des soldats de l'armée syrienne dans le quartier de Basta à Beyrouth-Ouest. Bien que le cheikh Fadlallah, « guide spirituel » du Hezbollah, dénonce ce « massacre », les responsables iraniens calment les esprits mais obtiennent à Damas que l'armée syrienne n'investisse pas la banlieue sud de Beyrouth, à majorité chiite, fief d'Amal et du Hezbollah.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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