6-25 avril 2019
Soudan. Renversement du président Omar el-Béchir
À partir du 6 – jour anniversaire de la chute de la junte dirigée par le général Jaafar Nimeyri en 1985 –, des dizaines de milliers de personnes se rassemblent devant le quartier général des forces armées à Khartoum et appellent les soldats à rejoindre le mouvement de protestation engagé en décembre 2018. Elles répondent à l’appel de l’Association des professionnels soudanais (SPA), un syndicat alternatif regroupant la classe moyenne éduquée, qui coordonne dans la clandestinité le mouvement de protestation. La SPA est alliée à diverses coalitions politiques et groupes armés au sein de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC). Elle avait publié en janvier un plan de transition de quatre ans prévoyant l’administration du pays par un gouvernement de techniciens civils après le départ d’Omar el-Béchir.
Le 8, les forces de sécurité interviennent, échangeant des tirs avec certains éléments de l’armée.
Le 11, Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 1989, est renversé par un Conseil militaire de transition (TMC) dirigé par le général Ahmed Awad Ibn Auf, vice-président, ministre de la Défense et ancien chef des services de renseignement. Celui-ci annonce l’organisation d’élections dans un délai de deux ans. Les manifestants bravent le couvre-feu instauré par la junte dont ils demandent le départ.
Le 12, Ahmed Awad Ibn Auf annonce son remplacement à la tête du TMC par l’inspecteur général des armées Abdel Fattah al-Burhan, peu connu, qui est l’un des responsables de la politique de répression au Darfour. Le numéro deux du TMC est le colonel Mohamed Hamdan Dogolo, dit « Hemedti », le chef de la Force de soutien rapide, une puissante organisation paramilitaire issue d’une importante milice janjawid qui semait la terreur au Darfour.
Le 13, le chef du puissant National Intelligence and Security Service (NISS) – les services de sécurité et de renseignement –, Salah Gosh, démissionne.
Le 14, le TMC saisit les avoirs du Parti du congrès national (PNC), jusque-là au pouvoir.
Le 16, la junte ordonne l’emprisonnement d’Omar el-Béchir.
Le 23, à l’issue d’une réunion au Caire de l’Union africaine dont il est le président en exercice, le chef de l’État égyptien Abdel Fattah al-Sissi préconise d’accorder un délai de trois mois à la junte au pouvoir à Khartoum pour organiser « une transition pacifique démocratique ». L’Égypte, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis sont les principaux soutiens du TMC.
Le 24, le TMC, qui mène des discussions avec l’ALC, annonce la conclusion d’un « accord sur la plupart des exigences » présentées par l’opposition.
Le 25, des manifestants venus en nombre de tout le pays participent à une « marche du million » à Khartoum à l’appel de l’ALC.