6-26 avril 1994
Bosnie-Herzégovine. Actions de l'O.T.A.N. pour contrer l'attaque des Serbes bosniaques sur Gorazde
Le 6, après beaucoup d'atermoiements, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. publie une déclaration qui condamne l'attaque de Gorazde par les Serbes bosniaques, sans formuler de menace. Déclarée « zone de sécurité » par la résolution 836 du Conseil de sécurité de l'O.N.U. en mars 1993, l'enclave musulmane de Gorazde, dans l'est du pays, qui est assiégée depuis avril 1992, est la cible d'une nouvelle offensive des forces serbes depuis la fin du mois de mars. La ville abrite 65 000 civils.
Le 7, la Maison-Blanche révise sa position prudente concernant Gorazde et prône l'envoi rapide de casques bleus dans l'enclave sous la protection aérienne de l'O.T.A.N.
Le 10, à la demande de la Force de protection des Nations unies (Forpronu), deux F-16 américains agissant dans le cadre de l'O.T.A.N., en application de la résolution 836 du Conseil de sécurité de l'O.N.U., bombardent une position serbe dans l'enclave de Gorazde qui était sur le point de tomber.
Le 11, les Serbes continuant à bombarder Gorazde, l'aviation de l'O.T.A.N. lance un second raid aérien contre une de leurs positions. Moscou dénonce ces opérations « unilatérales ». En représailles, les Serbes interdisent aux casques bleus de franchir les points de passage qu'ils contrôlent à Sarajevo, prenant ainsi en otages les soldats de la Forpronu. L'offensive serbe se poursuivant, l'O.N.U. est bientôt accusée d'impuissance, alors que les Russes ne parviennent pas à user de leur influence auprès des Serbes, comme en février à Sarajevo.
Le 16, un Sea Harrier britannique de l'O.T.A.N. est abattu alors qu'il s'apprêtait à bombarder une position serbe près de Gorazde.
Le 17, les forces serbes enfoncent les dernières défenses musulmanes autour de l'enclave.
Le 22, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte à l'unanimité la résolution 913, qui exige le retrait des forces serbes de Gorazde.
Le même jour, les représentants des pays membres de l'O.T.A.N. réunis à Bruxelles adressent un ultimatum aux Serbes, les menaçant de frappes aériennes s'ils n'arrêtent pas immédiatement leurs attaques contre Gorazde, s'ils ne se retirent pas à 3 kilomètres du centre de la ville avant le 24 et ne démilitarisent pas une zone de 20 kilomètres de rayon avant le 27, enfin, s'ils ne permettent pas l'accès de la ville à la Forpronu et aux organisations humanitaires. Les Serbes se retirent de Gorazde sans respecter les termes de l'ultimatum, mais l'O.N.U. s'oppose à l'intervention de l'O.T.A.N. La Forpronu déploie 500 hommes dans la ville où l'offensive serbe a causé, en un mois, 715 morts selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
Le 25, les représentants des États-Unis, de la Russie, de la France et de la Grande-Bretagne réunis à Londres décident de créer un « groupe de contact » associant Washington, Moscou, l'O.N.U. et l'Union européenne, afin de coordonner l'action internationale en faveur de la résolution de la crise bosniaque.
Le 26, constatant le respect global des termes de leurs ultimatums, l'O.N.U. et l'O.T.A.N. annoncent que des raids aériens ne sont pas nécessaires pour l'instant.