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6-29 janvier 1986

France. Entrée des ténors politiques dans la campagne pour les élections de mars

Le 6, dans un entretien accordé au Monde, Laurent Fabius estime que les socialistes peuvent gagner les élections en axant la campagne sur la « continuité tranquille » et résume le programme du futur gouvernement en une formule : « Prendre une France d'avance. »

Le 8, le Premier ministre, invité de L'Heure de vérité sur Antenne 2, estime qu'« il y a de grands risques que ce soit, dans l'hypothèse où la droite serait majoritaire, la pagaille ».

Le 11, Lionel Jospin appelle les électeurs de la gauche tentés de voter pour le P.C. à reporter leur voix sur le P.S. : « Un vote socialiste, c'est une voix sûre à gauche », affirme-t-il.

Le 14, Valéry Giscard d'Estaing donne, dans une conférence de presse, son point de vue sur les règles d'une éventuelle cohabitation entre François Mitterrand et une majorité de droite. Il déclare qu'« il n'est pas possible d'obliger à partir, contre sa volonté, un président élu pour sept ans » mais estime que si l'opposition l'emporte le Premier ministre sera « indéboulonnable », car le chef de l'État n'aura « pas le pouvoir de le renvoyer ».

Le 16, Jacques Chirac et Jean Lecanuet signent la « plate-forme pour gouverner ensemble » conclue par le R.P.R. et l'U.D.F. Bien que proclamant dans son préambule que « le socialisme a été un échec », la plate-forme de l'opposition ne remet pas en cause les acquis sociaux du gouvernement de gauche. Le document comporte trois chapitres : Libérer l'économie pour assurer le progrès social ; Promouvoir une société de liberté ; Redonner sa vraie place à la France, qui sont suivis de vingt engagements fondamentaux.

Le 17, François Mitterrand préside au Grand-Quevilly en Seine-Maritime, département de Laurent Fabius, un rassemblement d'environ douze mille militants et sympathisants socialistes. Il dresse le bilan de la gauche depuis 1981 et demande du temps pour qu'elle continue son action : il ne faut pas « couper les jarrets des équipes qui gagnent ». Il attaque sévèrement la plate-forme R.P.R.-U.D.F. qu'il considère comme le « programme des riches contre les pauvres ». L'engagement du président de la République dans la campagne est vivement critiqué par l'opposition, François Léotard estimant même que le chef de l'État se comporte en « colleur d'affiches du P.S. ».

Le 22, Georges Marchais, invité de L'Heure de vérité sur Antenne 2, se déclare certain que le Parti communiste obtiendra plus de 10 p. 100 des voix et dénonce l'opération « vote utile » du P.S. Le fait qu'il s'en prenne autant à la droite qu'au P.S. est interprété par les observateurs politiques, malgré les dénégations des communistes, comme un changement de ligne à l'approche des élections, alors que, depuis plusieurs mois, le P.C. dénonçait prioritairement le gouvernement socialiste.

Le 27, tandis que Jacques Chirac, au micro de France-Inter, souhaite définir les règles du jeu de la cohabitation et admet que François Mitterrand et les responsables de la nouvelle majorité auraient intérêt à se concerter, Raymond Barre rappelle dans sa lettre mensuelle son hostilité au principe même de la cohabitation.

Le 29, Raymond Barre se rend à Viroflay dans les Yvelines pour soutenir une liste dissidente de l'U.D.F., la seule liste qui puisse se prévaloir de l'étiquette barriste en dehors de celle qu'il conduit dans le Rhône. À cette occasion, il critique « cette forme de totalitarisme microcosmique, c'est-à-dire l'union, où tout le monde doit marcher du même pas ».

Le 29 également, Valéry Giscard d'Estaing, invité de L'Heure de vérité sur Antenne 2, donne son tiercé gagnant pour 1986 : « l'union de l'opposition, le respect de la Constitution et l'économie libérale ». Il propose de réunir à Clermont-Ferrand un sommet des grands leaders de l'opposition.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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