6-29 octobre 2019
Syrie. Intervention turque dans le Nord-Est
Le 6, le président américain Donald Trump annonce le retrait des forces américaines stationnées dans le nord-est du pays et assure Ankara de la neutralité de son pays en cas d’intervention militaire turque en Syrie. Un millier de membres des forces spéciales américaines appuient dans cette région les forces kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), principale composante des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui combattent l’organisation État islamique (EI).
Le 7, Donald Trump, dont la décision est contestée dans les rangs républicains, déclare que les Kurdes, qui « combattent la Turquie depuis des décennies », ont reçu « d’énormes sommes d’argent et d’équipement » et qu’il est temps pour les États-Unis de « sortir de ces ridicules guerres sans fin, dont beaucoup sont tribales, et de ramener [ses] soldats à la maison ». Dans le même temps, il menace la Turquie d’« anéantir son économie » si elle « dépasse les bornes ». Dans la journée, alors que le Pentagone déclare ne pas cautionner l’intervention turque, l’administration américaine n’évoque plus que l’évacuation d’un « petit nombre » de soldats de certains secteurs de la région.
Le 9, les forces turques bombardent plusieurs villes du Nord-Est avant de pénétrer, avec leurs alliés de l’Armée nationale syrienne (ex-Armée syrienne libre), dans les territoires contrôlés par les FDS. L’opération Source de paix vise, selon Ankara, à combattre les « terroristes des YPG et de Daech » en vue d’établir une « zone de sécurité qui pourra permettre le retour des réfugiés syriens » – au nombre de trois millions six cent mille en Turquie. L’OTAN, dont fait partie la Turquie, exprime ses réserves face à l’intervention que les pays occidentaux membres de la coalition internationale contre l’EI dénoncent.
Le 10, Moscou déclare comprendre l’inquiétude de la Turquie pour la sécurité de ses frontières et se dit favorable à l’établissement d’un « dialogue entre la Turquie et la Syrie ». De son côté, Washington annonce l’exfiltration de responsables de l’EI détenus par les Kurdes. D’autres prisonniers djihadistes profiteront de l’offensive turque pour s’enfuir.
Le 13, alors que Donald Trump ordonne le retrait des soldats américains de Syrie, les FDS annoncent la conclusion, sous l’égide de Moscou, d’un accord avec le régime de Damas en vue du déploiement de l’armée syrienne dans le nord-est du pays pour contrer l’offensive turque.
Le 14, Donald Trump demande à Ankara de mettre fin à son offensive et impose des sanctions symboliques à trois ministres turcs.
Le 15, Moscou s’oppose à la conquête par les forces turques de Manbij, à l’ouest de l’Euphrate, dont Damas souhaite reprendre le contrôle.
Le 16, les forces syriennes reconquièrent Kobané, à la frontière turque, comme d’autres localités de la région jusque-là contrôlées par les FDS.
Le 17, la Turquie accepte, sous la pression des États-Unis, de suspendre son offensive pendant cinq jours afin de permettre aux combattants kurdes de quitter l’espace qu’elle souhaite transformer en zone de sécurité.
Le 22, les présidents russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan concluent à Sotchi un accord visant à sécuriser la zone frontalière, qui met fin à l’offensive turque. Celui-ci garantit le retrait kurde de ce secteur et le maintien des conquêtes territoriales turques autour des villes frontalières de Tall Abyad et de Ras al-Aïn.
Le 23, Washington annonce la levée des sanctions imposées à Ankara.
Le 29, Moscou annonce la fin du retrait des YPG du nord-est du pays.