6-30 juin 1991
Yougoslavie. Sécession de la Slovénie et de la Croatie
Le 6, les présidents des six républiques yougoslaves se réunissent à Sarajevo pour essayer de trouver un compromis entre les tenants du maintien de la fédération actuelle, menés par la Serbie, et les partisans d'une confédération de républiques souveraines, souhaitée par la Slovénie et la Croatie. Une solution semble se dessiner avec la proposition présentée par la Bosnie et la Macédoine d'une communauté d'États fonctionnant en marché commun, sur le modèle de la C.E.E.
Le 19, une nouvelle réunion de négociations, à Belgrade, donne l'occasion au président serbe Slobodan Milosevic de se déclarer prêt à accepter le schéma proposé par la Bosnie. Mais, le 25, tirant respectivement les conséquences des référendums de décembre 1990 et de mai 1991, la Slovénie et la Croatie proclament officiellement « leur souveraineté et leur indépendance ». Cette « dissociation » de la fédération yougoslave est immédiatement condamnée par le Premier ministre Ante Markovic qui qualifie ces « actes unilatéraux » d'« illégaux et illégitimes », et les considère comme « nuls et non avenus ». Les pays occidentaux observent avec inquiétude la situation, craignant de voir se recomposer la mosaïque de peuples ayant conduit à la Première Guerre mondiale : ni les États-Unis ni la C.E.E. ne se déclarent prêts à reconnaître les deux « États ».
Le 27, la situation s'aggrave avec l'entrée de blindés de l'armée fédérale en Slovénie : ils ont reçu l'ordre de reprendre le contrôle des postes frontières avec l'Autriche, l'Italie et la Hongrie investis par les douaniers et miliciens slovènes.
Le 28, de violents affrontements opposent les troupes fédérales et slovènes le long de la frontière autrichienne. Les aéroports de Ljubljana et de Maribor sont bombardés. La milice slovène réussit à renforcer ses positions en prenant aux forces de Belgrade des armes et des chars d'assaut. Le Premier ministre lance vainement, de Belgrade, un appel au cessez-le-feu. Cependant, la C.E.E. intervient avec une rapidité inhabituelle : le Conseil européen, réuni les 28 et 29 à Luxembourg, est principalement consacré à la Yougoslavie. Il délègue, dès le 28, une « troïka » composée des ministres des Affaires étrangères de l'Italie, des Pays-Bas et du Luxembourg, pour tenter de désamorcer la crise.
Le 29, après une double mission à Belgrade et à Zagreb, la troïka européenne parvient à imposer un cessez-le-feu. En contrepartie du dépôt des armes par les forces fédérales, la Slovénie et la Croatie « suspendent » pour trois mois leur déclaration d'indépendance.
Le 30, une seconde mission des trois ministres européens parvient à faire accepter par la Serbie l'élection du Croate Stipe Mesic à la présidence collégiale de la Fédération, alors que Belgrade s'y opposait depuis le 15 mai. L'armée fédérale doit regagner ses casernes, après des combats qui ont fait près de quarante morts.