6-31 août 2010
France. Réactions face à la politique d'expulsion des Rom
Le 6, à Saint-Étienne (Loire), la police procède à l'évacuation d'un premier campement illégal de Rom originaires de Roumanie, après l'annonce faite par le président Sarkozy, en juillet, de son intention de démanteler trois cents campements illégaux en trois mois.
Le 19, quatre-vingt-six Rom roumains ayant accepté l'aide au retour proposée par le gouvernement français – 300 euros par adulte et 100 euros par enfant mineur – sont renvoyés dans leur pays. Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a fixé l'objectif de sept cents retours au cours du mois. Les Rom ressortissants de l'Union européenne, dont le nombre en France est estimé à quinze mille, peuvent résider trois mois dans l'Hexagone sans formalité. En 2009, quelque dix mille Rom avaient déjà été reconduits en Roumanie et en Bulgarie.
Le 22, à Castel Gandolfo, le pape Benoît XVI critique devant des pèlerins français la politique du gouvernement français à l'égard des Rom, appelant à « savoir accueillir les légitimes diversités humaines ».
Le 23, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin affirme, dans une chronique publiée dans la presse, qu'« il y a aujourd'hui sur notre drapeau une tache de honte ».
Le 24, Mgr Dominique Lebrun, évêque de Saint-Étienne – ville où a eu lieu au début du mois la première évacuation de campement –, adresse à ses diocésains un appel en faveur des Rom.
Le 24 également, dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion interministérielle consacrée aux Rom, le Premier ministre François Fillon souligne « la nécessité d'agir avec fermeté, continuité et justice, sans laxisme ni excès » et demande que la lutte contre l'immigration clandestine ne soit pas « instrumentalisée de part et d'autre ».
Le 25, la commissaire européenne à la Justice, aux Droits fondamentaux et à la Citoyenneté, Viviane Reding, exprime « une certaine préoccupation » face à la politique française à l'égard des Rom.
Le 27, le Comité de l'O.N.U. pour l'élimination de la discrimination raciale, qui avait auditionné des représentants français le 11, pointe « la montée de violence à caractère raciste » dont sont victimes les Rom en France et demande au gouvernement d'« éviter les rapatriements collectifs ».
Le 30, le ministre de l'Immigration Éric Besson annonce, lors d'une conférence de presse, son intention d'amender le projet de loi sur l'immigration qui doit être discuté à partir de septembre à l'Assemblée nationale. Il propose de sanctionner les ressortissants de l'Union européenne « qui abusent du droit au court séjour » et d'élargir les motifs d'expulsion de ces mêmes ressortissants à ceux de « vols répétés » et de « mendicité agressive » – le droit communautaire rend déjà possible l'expulsion en cas de « menace à l'ordre public ».
Le 30 également, le ministre roumain des Affaires étrangères Teodor Baconschi conteste la réalité de la menace sécuritaire représentée par les Rom et estime que le renvoi de ceux-ci dans leur pays avec une somme d'argent « n'est pas une solution ».
Le 31, Brice Hortefeux rencontre le président de la Conférence des évêques de France, Mgr André Vingt-Trois, afin de tenter d'apaiser le débat.