6 mai-2 juin 1996
France. Démission de Jean-Pierre Elkabbach de la présidence de France Télévisions
Le 6, Jean-Pierre Elkabbach, président de France Télévisions, écrit à tous les salariés des chaînes publiques pour demander leur soutien face à « la campagne de déstabilisation » dont « la télévision publique » serait la cible. Une polémique a éclaté en avril au sujet du montant des contrats passés avec certains animateurs-producteurs, à la suite de la rupture du contrat d'exclusivité liant France Télévisions à Réservoir Prod., la société de production de Jean-Luc Delarue. Toutefois, des divergences apparaissent entre le personnel de France Télévisions et sa direction.
Le 14, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (C.S.A.), après avoir reçu Jean-Pierre Elkabbach, publie un communiqué dans lequel il estime que « ces contrats [passés par France Télévisions], pour le moins discutables, sont l'aboutissement d'un système qu'il convient de réformer ». Le C.S.A. émet le souhait d'« avoir les moyens de participer [au] contrôle économique et financier » des chaînes publiques.
Le 15, le ministre de la Culture Philippe Douste-Blazy affirme son intention de « modifier le cahier des charges » de France Télévisions et d'« augmenter les pouvoirs de sanction du C.S.A. ».
Le 20, le tribunal de commerce de Paris rejette la requête en référé déposée par France 2 en vue de faire nommer un expert chargé d'examiner les comptes de Réservoir Prod. Le juge fait valoir que « France 2 aurait dû s'entourer d'un minimum de garanties, afin d'être assurée de l'équilibre économique des contrats » et affirme que la chaîne publique « ne démontre pas que lesdits contrats n'ont pas été exécutés ».
Le 24, convoqué de nouveau devant le C.S.A., Jean-Pierre Elkabbach propose d'« établir la transparence des prestations et des coûts » au sein de France Télévisions.
Le 28, lors de la réunion extraordinaire du comité d'entreprise de France 2, Jean-Pierre Elkabbach, dont les syndicats de la chaîne demandent la démission, reconnaît « des défauts dans la marche de l'entreprise ». Il annonce la suppression des postes de délégué général, occupé par Patrick Clément, et de conseiller auprès de la présidence, occupé par Louis Bériot, se séparant ainsi de ses deux plus proches collaborateurs.
Le 29, le personnel de France 2 réuni en assemblée général adopte une motion de défiance à l'encontre de la présidence de France Télévisions. Le C.S.A. demande la réunion du conseil d'administration de France 2 ; celle-ci est fixée au 10 juin.
Le 31, Jean-Pierre Elkabbach annonce sa démission de la présidence de France Télévisions. Il admet avoir fait « des erreurs, en particulier sur les animateurs-producteurs », tout en en minimisant les conséquences.
Le 2 juin, le C.S.A. nomme Xavier Gouyou Beauchamps, jusque-là directeur général de France 3, en remplacement de Jean-Pierre Elkabbach.