7-18 mai 1988
Vatican - Uruguay - Bolivie - Pérou - Paraguay. Voyage du pape Jean-Paul II en Amérique latine
Le 7, Jean-Paul II commence son neuvième voyage en Amérique latine par une visite de trois jours en Uruguay. Accueilli avec enthousiasme par la faible population catholique du pays le plus laïc du continent, il défend les valeurs de la famille et du travail.
Du 9 au 15, Jean-Paul II se rend pour la première fois en Bolivie, pays en proie à une forte contestation sociale. Dans la banlieue de La Paz comme sur le haut plateau andin, il va à la rencontre des habitants les plus démunis, mineurs et paysans, dont il dénonce l'exploitation et les conditions de vie, développant la doctrine sociale de l'Église et renvoyant dos à dos le « capitalisme libéral » et le « collectivisme marxiste » comme sources d'« injustices ».
Du 14 au 16, le pape séjourne au Pérou, dont la population est à 95 p. 100 catholique, qui est gravement confronté au terrorisme et à la crise économique. Président à Lima la clôture du congrès eucharistique marial qui réunit les évêques de six pays latino-américains, il limite la controverse sur la théologie de la libération qui, selon le Vatican, si elle contient encore un « risque de déviation », présente aussi des « valeurs positives ».
Du 16 au 18, le souverain pontife effectue la partie la plus délicate de son voyage au Paraguay, où sévit l'une des dernières dictatures du sous-continent. Reçu par le général Stroessner, Jean-Paul II évoque les droits de l'homme, les « devoirs éthiques » des gouvernants et, appuyant les initiatives de l'épiscopat paraguayen en faveur d'une relève démocratique, appelle au dialogue dans la vie politique. La rencontre, le 17, avec les « constructeurs de la société », syndicats, intellectuels et opposants politiques, tout d'abord interdite puis tolérée par le gouvernement, est l'occasion pour Jean-Paul II de prêter sa voix à l'opposition paraguayenne.