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7-21 janvier 2015

France. Attentats terroristes à Paris

Le 7, deux hommes armés pénètrent dans les locaux parisiens de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo où ils tuent onze personnes avec des fusils d'assaut: les dessinateurs de presse Charb – directeur de la publication –, Cabu, Wolinski, Tignous et Honoré, le journaliste Bernard Maris, la psychanalyste et chroniqueuse Elsa Cayat, le correcteur Mustapha Ourrad, l'ancien directeur de cabinet du maire de Clermont-Ferrand Michel Renaud, invité de la rédaction, le policier chargé de la protection de Charb Franck Brinsolaro et l'agent d'entretien Frédéric Boisseau. Dans leur fuite, les deux hommes tuent un gardien de la paix, Ahmed Merabet. Les assassins affirment avoir « tué Charlie Hebdo » et « vengé le prophète Mohamed ». En février 2006, l'hebdomadaire avait reproduit les caricatures du prophète parues en septembre 2005 dans le quotidien danois Jyllands-Posten, alors que les manifestations se multipliaient dans le monde arabe et musulman contre ces dessins jugés blasphématoires. En novembre 2011, le jour de la parution d'un numéro spécial de Charlie Hebdo titré Charia Hebdo et consacré au prophète Mahomet, les locaux parisiens de l'hebdomadaire avaient été incendiés. Charb, le directeur de la rédaction Riss et le dessinateur Luz avaient été placés sous protection policière. En septembre 2012, alors que des attentats visaient des intérêts américains dans le monde arabe et musulman, Charlie Hebdo avait publié de nouvelles caricatures du prophète. Le président François Hollande se rend aussitôt sur les lieux de l'attentat, tandis que le niveau « alerte-attentat » du plan Vigipirate est activé en Île-de-France. Lors d'une allocution télévisée, le chef de l'État dénonce une agression contre « la République tout entière » et « la liberté d'expression », et appelle au « rassemblement de tous, sous toutes ses formes ». Un jour de deuil national est décrété. L'ensemble des formations politiques françaises, les représentants des cultes et les capitales étrangères, notamment les pays arabes et musulmans, condamnent l'attentat. Dans la soirée, plus de cent mille personnes se rassemblent spontanément à Paris et dans d'autres villes françaises et étrangères autour du slogan « Je suis Charlie ». Deux suspects, les frères Chérif et Saïd Kouachi, islamistes radicaux de nationalité française, placés sans résultat sous surveillance policière au cours des dernières années, sont rapidement identifiés. Chérif Kouachi, en particulier, a été condamné à une peine de prison en mai 2008 dans le procès d'une filière djihadiste à destination de l'Irak. Soupçonné en mai 2010 d'avoir participé à la tentative d'évasion d'un islamiste emprisonné en France, il a été relâché faute de preuve.

Le 8, à Montrouge (Hauts-de-Seine), un individu tue par balle une policière municipale, Clarissa Jean-Philippe, avant de prendre la fuite. Le suspect sera identifié le lendemain: c'est un islamiste radical de nationalité française, Amedy Coulibaly, condamné à une peine de prison dans l'affaire de préparation d'évasion qui impliquait également Chérif Kouachi, en mai 2010.

Le 8 également, les formations de gauche lancent un appel à participer à une grande marche républicaine, le 11. La droite modérée s'y rallie, tandis que le Front national dénonce l'exclusion dont il se dit victime. À midi, une minute de silence est observée partout en France.

Les 8 et 9, François Hollande reçoit les présidents des assemblées et les dirigeants des partis représentés au Parlement.

Attentat terroriste, Paris, 2015 - crédits : Ian Langsdon/ EPA

Attentat terroriste, Paris, 2015

Le 9, Chérif et Saïd Kouachi sont repérés à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne) où ils se retranchent dans les locaux d'une imprimerie. Lors d'une communication téléphonique avec la chaîne d'information continue B.F.M.-T.V., Chérif Kouachi déclare agir pour le compte d'Al-Qaida au Yémen et se dit envoyé par le cheikh Anouar al-Awlaki, chef d'Al-Qaida dans la péninsule arabique tué par un drone américain en septembre 2011. À Paris, Amedy Coulibaly investit un magasin de produits casher situé porte de Vincennes, l'Hyper Cacher, et tue quatre des otages qu'il retient: Yohan Cohen, Philippe Braham, François-Michel Saada et Yoav Hattab. Il affirme aux journalistes de B.F.M.-T.V. qu'il appartient à l'État islamique et qu'il s'est « synchronisé » avec les frères Kouachi. Quelques heures plus tard, ces derniers sont tués par les gendarmes. La police donne aussitôt l'assaut à l'Hyper Cacher. Amedy Coulibaly est tué et les otages qu'il détenait sont libérés. Dans une allocution télévisée, François Hollande évoque « un acte antisémite effroyable » et affirme que « ceux qui ont commis ces actes [...] n'ont rien à voir avec la religion musulmane ».

Le 9 également, lors de la prière du vendredi dans les mosquées, de nombreux imams incitent les fidèles à exprimer leur solidarité avec les victimes des terroristes et à participer aux marches républicaines, alors que divers actes islamophobes sont enregistrés à travers le pays.

Marche républicaine, Paris, 2015 - crédits : David Ramos/ Getty Images News/ AFP

Marche républicaine, Paris, 2015

Le 11, quelque 3,7 millions de personnes participent dans le pays aux manifestations d'unité nationale, dont 1,2 à 1,6 million dans la capitale. Le cortège parisien est conduit par le président François Hollande, entouré de quarante-quatre chefs d'État et de gouvernement étrangers parmi lesquels le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Puis Benyamin Nétanyahou, qui a appelé la veille les juifs de France à rejoindre Israël, participe à une cérémonie en hommage aux victimes de l'Hyper Cacher dans la grande synagogue de la Victoire, à Paris, en présence de François Hollande.

Marche contre le terrorisme, Paris, 2015 - crédits : Olivier Hoslet/ EPA

Marche contre le terrorisme, Paris, 2015

Benyamin Nétanyahou à Paris, 2015 - crédits : Matthieu Alexandre/ POOL/ EPA

Benyamin Nétanyahou à Paris, 2015

Le 11 également, une vidéo de propagande enregistrée par Amedy Coulibaly avant les attentats est diffusée sur Internet.

Le 12, la garde des Sceaux Christiane Taubira envoie aux parquets une circulaire leur demandant de poursuivre « avec rigueur et fermeté » les actes et les propos racistes ou antisémites. Des dizaines de procédures sont engagées les jours suivants, aboutissant pour certaines à de lourdes condamnations.

Le 13, le Premier ministre Manuel Valls rend hommage devant l'Assemblée nationale aux victimes des attentats. « Oui, la France est en guerre contre le terrorisme », déclare-t-il, mais pas « contre une religion ». Il annonce « des mesures exceptionnelles [mais] jamais des mesures d'exception ».

Le 14 paraît le nouveau numéro de Charlie Hebdo, diffusé à plusieurs millions d'exemplaires dans vingt-cinq pays, dont la « une » caricature le prophète Mahomet. Il est accueilli avec réprobation dans le monde arabe et musulman.

Le 14 également, le polémiste Dieudonné M'bala M'bala est placé en garde à vue dans le cadre de l'enquête judiciaire pour apologie du terrorisme ouverte après la diffusion sur sa page Facebook, le 11, d'un message affirmant : « Je me sens Charlie Coulibaly. »

Le 15, François Hollande se rend à l'Institut du monde arabe, à Paris, où il adresse un message aux musulmans, « premières victimes du fanatisme, du fondamentalisme et de l'intolérance », réaffirmant que « l'islam est compatible avec la démocratie » et que « les conflits du Moyen-Orient n'ont pas leur place ici ».

Le 16, jour de grande prière pour les musulmans, des manifestations antifrançaises éclatent dans plusieurs pays en réaction aux caricatures publiées dans le dernier numéro de Charlie Hebdo. Au Niger, les violences feront une dizaine de morts.

Le 20, lors de la présentation de ses vœux à la presse, Manuel Valls dénonce l'existence d'un « apartheid territorial, social, ethnique » dans les banlieues.

Le 21, le Premier ministre présente des mesures visant à renforcer la lutte contre le terrorisme, parmi lesquelles la création de près de deux mille sept cents postes en trois ans, notamment dans les services de renseignement, l'amélioration de l'équipement des forces de l'ordre, la mise en place de dispositifs de « déradicalisation » des détenus islamistes, la création d'un fichier terroriste et le renforcement de la lutte contre la propagande terroriste sur Internet.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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