7-23 septembre 1985
États-Unis. Baisse du dollar favorisée pour éviter l'adoption de mesures protectionnistes
Le 7, Ronald Reagan s'en prend aux « pratiques déloyales » auxquelles ont recours, selon lui, la Communauté européenne, le Japon, le Brésil et la Corée du Sud. Il menace ces pays de « contre-mesures », tout en réaffirmant son hostilité à l'égard du protectionnisme, considéré comme « un remède paralysant » qui coûterait « des milliards de dollars » à l'économie américaine. Ces déclarations sont faites sous la pression du Congrès, fermement décidé à imposer au président des mesures protectionnistes afin de réduire le déficit du commerce extérieur, qui menace d'atteindre 150 milliards de dollars en 1985 et nuit considérablement à l'industrie et à l'agriculture américaines : des experts affirment que, pour chaque milliard de dollars de déficit, les États-Unis perdent entre vingt-cinq mille et trente-cinq mille emplois.
Le 12, le dollar est coté 9,04 F à Paris, franchissant à nouveau la barre des 9 francs en dessous de laquelle il était descendu le 10 juillet. Mais de discrètes interventions des banques centrales le font redescendre les jours suivants en dessous de cette barre.
Le 22, les ministres des Finances des cinq pays les plus industrialisés (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Japon et république fédérale d'Allemagne), réunis à New York, s'engagent à favoriser une baisse du dollar et à lutter contre les pressions protectionnistes. À la suite de ce communiqué, le dollar enregistre sur les marchés des changes, le 23, une très forte chute : à Paris, il passe de 8,79 à 8,24 F. Pour la première fois, Washington, qui affirmait que « la force du dollar [était] le reflet d'une Amérique forte », reconnaît que la monnaie américaine est surévaluée et que cela aggrave le déficit commercial des États-Unis.
Le 23, Ronald Reagan tente à nouveau de désamorcer la pression protectionniste du Congrès en annonçant une série de mesures, qui sont jugées tout à fait insuffisantes par les sénateurs et les représentants, aussi bien démocrates que républicains. Les prises de position en faveur de la protection de la production nationale sont d'autant plus répandues qu'en novembre 1986 l'ensemble de la Chambre et un tiers du Sénat sont soumis à réélection.