7-26 août 2008
Géorgie - Russie. Offensive militaire géorgienne contre l'Ossétie du Sud et riposte russe
Le 7, l'armée géorgienne lance une vaste offensive contre l'Ossétie du Sud. Comme au début des années 1990, il s'agit pour Tbilissi de tenter de reprendre le contrôle de cette ex-région autonome de la République soviétique de Géorgie, dont le régime sécessionniste et indépendant de fait est soutenu par Moscou, tout comme celui de l'Abkhazie, autre territoire séparatiste géorgien frontalier de la Fédération de Russie. Désireuse de rejoindre l'O.T.A.N., la Géorgie, par laquelle transite une grande partie du gaz et du pétrole de la mer Caspienne à destination de l'Europe, est dirigée depuis janvier 2004 par un président pro-occidental, Mikheïl Saakachvili.
Le 8, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. réuni à la demande de Moscou ne parvient pas à s'accorder sur le texte d'une déclaration.
Le 8 également, la Russie, qui depuis 1992 entretient des forces de maintien de la paix en Ossétie du Sud, y engage une « opération de maintien de la paix destinée à protéger les civils », tandis que son aviation bombarde divers objectifs en Géorgie. Des combats opposent l'armée géorgienne aux troupes sud-ossètes et russes pour le contrôle de Tskhinvali, la capitale de la république séparatiste. Le président sud-ossète, Edouard Kokoïty, annonce la mort de « plus de mille quatre cents civils » dans l'offensive géorgienne; des milliers d'autres fuient les combats. Tandis que l'O.T.A.N., qui doit examiner la candidature de la Géorgie en décembre, prône un « dialogue direct » entre les belligérants, l'ambassadeur américain à l'O.N.U. appelle la Russie à « respecter l'intégrité territoriale [de la Géorgie] et à retirer ses troupes au sol du territoire géorgien ».
Le 10, les forces russes prennent le contrôle de Tskhinvali, tandis que l'armée géorgienne évacue l'Ossétie du Sud.
Le 10 également, le président Saakachvili, qui reçoit le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, approuve le projet d'accord de paix proposé par la France, présidente en titre de l'Union européenne, qui prévoit l'instauration d'un cessez-le-feu, le retrait des belligérants et la mise en place d'une médiation internationale.
Le 10 encore, l'ambassadeur des États-Unis à l'O.T.A.N. exige que la Russie confirme que « son but n'est pas de changer le gouvernement de Géorgie, démocratiquement élu ». De son côté, son homologue russe accuse les États-Unis d'entretenir des conseillers militaires en Géorgie et dit espérer que Washington n'a pas donné son « feu vert » à l'offensive géorgienne contre l'Ossétie du Sud.
Le 11, les forces russes assiègent Gori, ville géorgienne proche de la frontière ossète, que ses habitants fuient en masse.
Le 11 également, le gouvernement séparatiste de l'Abkhazie, à son tour gagnée par le conflit et où des troupes russes se déploient, se déclare « en état de guerre » contre la Géorgie.
Le 11 encore, la Russie rejette un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'O.N.U. fondé sur le projet d'accord de paix présenté par la France.
Le 12, à Moscou, le président français Nicolas Sarkozy négocie avec son homologue russe Dmitri Medvedev le contenu d'un plan de paix. À la différence du projet précédemment soumis au président géorgien, celui-ci n'évoque pas le principe de l'intégrité territoriale de la Géorgie et prévoit que les forces russes pourront mettre en œuvre en Ossétie du Sud des « mesures additionnelles de sécurité ». Mikheïl Saakachvili approuve le texte dans la soirée.
Le 12 également, les forces abkhazes prennent le contrôle de la position stratégique des gorges de Kodori, tandis que les Russes reconnaissent s'être emparés de l'aéroport géorgien de Senaki, proche de l'Abkhazie.
Le 13, le président américain George W. Bush assure la Géorgie du « soutien inébranlable » des États-Unis.
Le 13 également, des blindés russes pénètrent dans Gori désertée par ses habitants et par l'armée géorgienne.
Le 14, le Parlement géorgien entérine la décision du président Saakachvili de retirer son pays de la Communauté des États indépendants qui regroupe la plupart des anciennes républiques soviétiques.
Le 15, le président Saakachvili signe l'accord de cessez-le-feu. Les pressions internationales se renforcent sur Moscou qui est prié de retirer ses troupes de Géorgie où elles contrôlent notamment Gori, le port stratégique de Poti, sur la mer Noire, et la ville de Zougdidi, frontalière de l'Abkhazie.
Le 19, à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères des membres de l'O.T.A.N. qualifient de « disproportionnée » l'intervention des troupes russes en Géorgie, demandent à la Russie d'« agir rapidement pour retirer ses troupes », appellent au « plein respect des principes d'indépendance, de souveraineté et d'intégrité territoriale » du pays et évoquent la poursuite du processus d'adhésion de la Géorgie à l'Alliance.
Le 22, la Russie annonce le « retrait total » de ses forces de Géorgie. Les « forces de maintien de la paix » russes continuent toutefois d'occuper des « zones de sécurité » au sud de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie.
Le 25, le Parlement russe adopte une résolution demandant au président Medvedev de reconnaître l'indépendance des républiques séparatistes géorgiennes, comme les dirigeants de celles-ci en ont émis le vœu.
Le 26, le président Medvedev reconnaît l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie. Il justifie sa décision en évoquant « la proclamation illégale de l'indépendance du Kosovo à l'égard de la Serbie ». Face aux vives condamnations des pays occidentaux, il dit ne pas craindre « une nouvelle guerre froide ».