7-29 décembre 2022
Pérou. Destitution et arrestation du président Pedro Castillo.
Le 7, le président Pedro Castillo annonce la dissolution du Congrès, unique chambre parlementaire du Pérou, et l’instauration d’un régime d’exception. Castillo était convoqué le jour même devant les députés pour faire l’objet d’un vote de défiance après le dépôt d’une motion de destitution le 2 – la troisième depuis le début de son mandat. L’initiative du président est condamnée par le Tribunal constitutionnel, qui la qualifie de « coup d’État », par les membres du gouvernement dont la plupart démissionnent, par l’armée et la police, ainsi que par la vice-présidente Dina Boluarte. Rejetant sa dissolution, le Congrès vote aussitôt la destitution du président Castillo pour « incapacité morale permanente ». Celui-ci est arrêté, accusé de « rébellion » et de « conspiration ». Dina Boluarte lui succède à la tête de l’État. Élu en juin 2021, Pedro Castillo n’est jamais parvenu à imposer de ligne politique claire face à un Parlement hostile. En juillet 2022, il a été exclu de son parti, Pérou libre (marxiste-léniniste), certains allant jusqu’à lui reprocher son « programme néolibéral ». Il est en outre impliqué dans six affaires de corruption, blanchiment ou trafic d’influence. Pedro Castillo est le cinquième chef d’État péruvien à quitter prématurément le pouvoir depuis 2016 et le troisième à être destitué par le Congrès. Quatre anciens présidents sont poursuivis pour corruption et un cinquième s’est suicidé en 2019 alors qu’il était sur le point d’être arrêté pour les mêmes charges.
À partir du 7 également, des manifestations ont lieu à travers le pays, notamment à Lima, Cuzco, Arequipa et Puno. Le mouvement de contestation se propage et s’intensifie dans les jours qui suivent en dépit de la violence de la répression.
Le 12, face à l’ampleur du mouvement de contestation, Dina Boluarte annonce le dépôt d’un projet de loi visant à avancer à avril 2024 les élections générales prévues en 2026. Les manifestants réclament la dissolution du Congrès, la tenue immédiate d’élections et le départ de Dina Boluarte, sur fond de revendications économiques et sociales. La plupart d’entre eux dénoncent l’éviction de Pedro Castillo.
Le 15, le gouvernement décrète l’état d’urgence.
Le 17, deux ministres, opposés à la répression qui a déjà fait quinze morts, démissionnent.
Le 20, le Congrès approuve le projet de loi prévoyant d’avancer la date des élections à avril 2024.
Le 29, la Cour suprême rejette l’appel de Pedro Castillo, qui nie les faits de « rébellion » et « conspiration » qui lui sont reprochés et réclame la levée de sa détention préventive de dix-huit mois.