7-30 décembre 2009
Iran. Radicalisation de la contestation face à la répression gouvernementale
Le 7, à l'occasion de la journée nationale des étudiants, à Téhéran et dans les universités du pays, qui commémore la mort de plusieurs étudiants tués par la police du shah le 7 décembre 1953 lors de manifestations antiaméricaines, des heurts opposent les manifestants hostiles au président Mahmoud Ahmadinejad à la police et aux miliciens bassidji. Plus de deux cents personnes sont arrêtées. Six mois après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin, le mouvement d'opposition reste très mobilisé, malgré la forte répression gouvernementale.
Le 13, le guide suprême de la révolution, l'ayatollah Ali Khamenei, lance une mise en garde contre le mouvement d'opposition, et plus spécifiquement contre ses chefs, qui ressemble à un dernier rappel à l'ordre. Tout en parlant de retrouver une « unité », il affirme que « ... ceux qui crient des slogans sont opposés à l'imam [Khomeyni, fondateur de la République islamique], à la révolution, à l'islam... ».
Le 21, dans la ville sainte de Qom, se déroulent les obsèques du grand ayatollah Hossein Ali Montazeri, mort deux jours auparavant. Cet ancien dauphin de l'ayatollah Khomeyni était, depuis la fin des années 1990, un des principaux opposants à Ali Khamenei et aux excès du pouvoir absolu. Durant la cérémonie, des centaines de milliers d'Iraniens bravent l'interdiction de manifester; des affrontements ont lieu entre partisans et opposants du régime, ainsi qu'entre la foule et la police. Des miliciens bassidji attaquent la maison du religieux disparu.
Le 23, à Ispahan et Najafabad, plusieurs personnes sont blessées lors d'affrontements avec la police qui tentait de les empêcher de rendre un dernier hommage à l'ayatollah Montazeri, dans une mosquée. Une cinquantaine de personnes sont arrêtées.
Les 26 et 27, la traditionnelle fête religieuse du deuil chiite de l'Achoura est marquée par de violents affrontements entre les dizaines de milliers de manifestants descendus dans les rues de Téhéran et des grandes villes (Chiraz, Ispahan, Qasvin, Qom, Tabriz) et les forces de police. Il y aurait huit morts, dont le neveu du chef de l'opposition et candidat malheureux à l'élection présidentielle de juin, Mir Hossein Moussavi, tué par balle. Plus de cinq cents manifestants sont arrêtés. Le mouvement contestataire se radicalise face à la violation de la trêve religieuse chiite et à la violence de la répression.
Le 28, une nouvelle vague d'arrestations dans les rangs de l'opposition touche principalement les proches de l'ancien président réformateur Mohamad Khatami et de Mir Hossein Moussavi, ainsi que les journalistes et les militants des droits de l'homme.
Le 30, le gouvernement appelle à des contre-manifestations afin d'« humilier » ceux qui ont critiqué la répression des mouvements contestataires.