7-31 août 2003
Irak. Recrudescence des attentats
Le 7, un attentat à la voiture piégée contre l'ambassade de Jordanie à Bagdad fait dix-sept morts, tous irakiens. L'attentat est suivi de manifestations d'hostilité à l'encontre de la Jordanie, alliée des États-Unis, mais qui a aussi récemment accueilli les deux filles de Saddam Hussein et leurs enfants.
Les 9 et 10, des émeutes contre la pénurie de carburant et d'électricité éclatent à Bassorah. Elles font deux morts.
Le 13, à Bagdad, des tracts portant la signature d'Al-Qaida sont retrouvés sur les lieux d'une attaque contre des militaires américains.
Le 13 également, des affrontements opposent plusieurs milliers de manifestants irakiens à des soldats américains, dans le quartier Al-Sadr de la capitale, à la suite de l'arrachage d'un drapeau chiite, dont la population rend les Américains responsables. Un enfant est tué. L'armée américaine exprimera ses regrets.
Le 14, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte la résolution 1500 qui « approuve l'établissement », en août, du Conseil de gouvernement provisoire et qui crée la Mission d'assistance des Nations unies pour l'Irak (Manui). Cette dernière est chargée d'assurer les tâches de coordination humanitaire et de conseil politique.
Le 16, un acte de sabotage frappe l'oléoduc qui achemine le pétrole extrait dans la région de Kirkouk vers le terminal turc de Ceyhan, interrompant les exportations de brut pour plusieurs jours.
Le 17, c'est une conduite d'eau potable alimentant le nord de la capitale qui est la cible d'un attentat.
Le 17 également, un cameraman de l'agence Reuters, palestinien, est tué par des soldats américains près de Bagdad.
Le 19, un attentat-suicide au camion piégé détruit en partie l'hôtel Canal, siège de l'O.N.U. à Bagdad, tuant vingt-quatre personnes, dont l'envoyé spécial des Nations unies, le Brésilien Sergio Vieira de Mello.
Le 19 également est annoncée la capture, à Mossoul, de l'ancien numéro deux du régime de Saddam Hussein, le vice-président Taha Yassin Ramadan.
Le 20, les États-Unis se disent prêts à discuter du mandat de l'O.N.U. en Irak, dans le cadre d'une nouvelle résolution du Conseil de sécurité. Le Royaume-Uni leur fait écho.
Le 21, les Américains capturent Ali Hassan Al-Majid, ancien ministre et cousin de Saddam Hussein, surnommé « Ali le chimique » pour avoir utilisé des gaz de combat contre les populations kurdes, en 1988, et chiites, après 1991.
Le 21 également, un double attentat à la bombe visant notamment l'hôtel Palestine, qui abrite de nombreux Occidentaux, à Bagdad, est déjoué. L'annonce en sera gardée secrète par les Américains.
Le 23, trois soldats britanniques sont tués dans une embuscade à Bassorah.
Le 23 également, Paul Bremer, l'administrateur américain de l'Irak, évoque l'infiltration dans le pays, depuis la fin de la guerre, de « plusieurs centaines [...] de terroristes internationaux » dont certains « correspondent au profil „Al-Qaida“ ». Il émet l'hypothèse de la reconstitution du groupe Ansar Al-Islam, proche d'Al-Qaida, dont la responsabilité a été évoquée dans les attentats contre l'ambassade de Jordanie et le siège de l'O.N.U. à Bagdad. Paul Bremer met en cause la Syrie et l'Iran.
Le 29, un attentat à la voiture piégée fait près de cent morts à la sortie de la grande mosquée de Nadjaf. Parmi les victimes se trouve l'ayatollah Mohammed Baqer Al-Hakim, l'un des plus hauts dignitaires chiites du pays, qui prônait la modération à l'égard des occupants américano-britanniques.
Le 31, des dizaines de milliers de chiites se rassemblent à Nadjaf pour réclamer « vengeance » et dénoncer la responsabilité des « hommes de Saddam » et des wahhabites, membres du courant sunnite radical au pouvoir en Arabie Saoudite.