7 février-7 mars 1986
Haïti. Exil en France de « Bébé Doc » et nouveau gouvernement
Le 7, le « président à vie » Jean-Claude Duvalier, qui avait succédé à son père en 1971, part en exil, contraint par Washington, qui s'inquiète de plus en plus des troubles en Haïti et veut favoriser une évolution démocratique sans effusion de sang. Son départ, qui met fin à vingt-neuf ans de dictature, est accueilli par des manifestations de liesse populaire, mais aussi par des scènes de pillage et de lynchage. Un Conseil national de gouvernement est formé : il est dirigé par le général Henri Namphy, chef d'état-major de l'armée, et comprend quatre autres membres dont deux militaires. Cette junte militaro-civile affirme son intention de favoriser une transition vers la démocratie. Le 7, l'avion de l'armée américaine transportant Jean-Claude Duvalier et sa suite atterrit en fin de soirée à l'aéroport de Grenoble-Saint-Geoirs. Après le refus de plusieurs pays de l'accueillir et sur l'insistance des États-Unis, la France a accepté de recevoir le dictateur déchu, « avant qu'il gagne un autre pays ». Tandis que « Baby Doc » et sa famille s'installent à Talloires (Haute-Savoie), les autorités françaises affirment que son séjour en France ne devra pas excéder « une huitaine de jours ».
Le 10, le général Namphy forme un « gouvernement provisoire » qui remettra aussitôt que possible « le pouvoir à un gouvernement démocratiquement élu ». L'Assemblée nationale est dissoute, ainsi que le corps des Volontaires de la sécurité nationale, les « tontons macoutes ». Une commission va être désignée pour rédiger une nouvelle Constitution. Cependant, des membres de l'opposition intérieure et extérieure protestent contre la présence d'anciens duvaliéristes dans le nouveau gouvernement.
Le 13, Jean-Claude Duvalier demande le statut de réfugié politique en France, d'autant qu'aucun autre pays n'accepte de l'accueillir. Laurent Fabius indique, le 14 : « Le droit d'asile, c'est plutôt pour les persécutés ; là, il s'agit plutôt d'un persécuteur. » Mais, en attendant qu'ils puissent trouver un autre pays d'accueil, « Baby Doc » et sa famille sont assignés à résidence dans les Alpes-Maritimes à partir du 7 mars.