8-23 août 1995
Irak. Défection de deux gendres du président Saddam Hussein
Le 8, deux gendres du président Saddam Hussein et leurs familles fuient le pays et se réfugient en Jordanie, qui leur accorde l'asile politique. Le général Hussein Kamel Hassan était ministre de l'Industrie et responsable du programme d'industrialisation militaire. Son frère, le général Saddam Kamel Hassan, était un haut cadre de la garde républicaine. Ces défections interviennent après une longue série de limogeages et de passage dans l'opposition de proches du chef de l'État. Les États-Unis assurent aussitôt la Jordanie de leur « protection si sa sécurité est menacée... ».
Dès le 11, des émissaires américains s'entretiennent avec le général Hussein Kamel Hassan, susceptible de fournir des informations sur les programmes d'armement de Bagdad, informations que les Nations unies tentent d'obtenir depuis la fin de la guerre du Golfe, en mars 1991.
Le 12, depuis le palais royal jordanien, le général Hassan appelle la population et les officiers irakiens à renverser le régime.
Le 13, accusant le général Hassan d'avoir dissimulé des informations dans le domaine des armes nucléaires et biologiques, les autorités invitent la Commission spéciale de l'O.N.U. chargée du désarmement de l'Irak (Unscom) et l'Agence internationale de l'énergie atomique (A.I.E.A.) à venir à Bagdad recueillir tous les renseignements qu'elles souhaitent obtenir. En avril, pourtant, dans un rapport au Conseil de sécurité de l'O.N.U., l'A.I.E.A. avait conclu au démantèlement du programme nucléaire de l'Irak. Et, le 4 août, Bagdad avait remis à l'Unscom un rapport sur la neutralisation de son programme d'armes biologiques. Le désarmement de l'Irak était la condition de la levée de l'embargo pétrolier instauré en avril 1991 par la résolution 687 du Conseil de sécurité de l'O.N.U., à la suite de l'invasion du Koweït.
Le 17, le gouvernement saoudien annonce la nomination d'un ambassadeur à Amman, après cinq ans de vacance du poste. Le Koweït fait preuve de la même volonté de rapprochement. Le refroidissement des relations jordano-saoudiennes et jordano-koweïtiennes était lié à la position pro-irakienne adoptée par Amman lors de l'invasion du Koweït par l'Irak en août 1990. Cependant, des voix s'élèvent en Jordanie contre toute rupture des relations avec l'Irak.
Le 23, dans un message à la nation, le roi Hussein rend hommage au général Hassan et reprend à son compte les déclarations de celui-ci au sujet d'un projet d'invasion du Koweït et de l'Arabie Saoudite par l'Irak.