8-27 juin 1990
Tchécoslovaquie. Victoire du Forum civique aux premières élections législatives libres
Les 8 et 9, les électeurs tchèques et slovaques se rendent aux urnes. Pour ce premier scrutin libre depuis 1946, ils sont appelés à désigner leurs représentants aux deux chambres de l'Assemblée fédérale (Chambre du peuple et Chambre des nations) ainsi qu'aux parlements tchèque et slovaque. Malgré la complexité du vote et les vingt-deux listes en présence, la participation atteint 96 p. 100 des inscrits. Avec 46,25 p. 100 des suffrages, le Forum civique du président Václav Havel et son homologue slovaque, Public contre la violence (V.P.N.), obtiennent cent soixante-neuf sièges, c'est-à-dire plus que la majorité absolue (150) à l'Assemblée fédérale, mais pas la majorité des trois cinquièmes nécessaire à l'adoption des lois constitutionnelles. Dans l'opposition, le Parti communiste (P.C.T.), avec 13,6 p. 100 des voix et quarante-huit sièges, réussit à devancer l'Union chrétienne-démocrate (K.D.U.) qui, avec 11,65 p. 100 des voix et quarante sièges, ne réalise pas les objectifs qu'elle s'était fixés. Les formations autonomistes et régionalistes réalisent des scores inattendus : le Parti national slovaque (S.N.S.), avec 3,6 p. 100 des voix, obtient quinze députés, et le Mouvement autonomiste morave (M.O.R.S.L.), dix-sept avec 5,8 p. 100 des suffrages.
Le 27, la nouvelle Assemblée fédérale réélit à sa présidence Alexander Dubček, l'ancien leader du « Printemps de Prague » âgé de soixante-neuf ans. Le même jour, Marian Calfa, Premier ministre sortant, présente un nouveau gouvernement de seize portefeuilles, comprenant un superministère de l'Économie et un ministère de l'Intérieur dirigé par un ancien dissident. Dirigé par un Slovaque – Václav Havel étant tchèque – et composé de membres de la majorité présidentielle, le cabinet s'ouvre au Mouvement chrétien-démocrate de Slovaquie en la personne de Josef Miklosko à qui est confié un des quatre postes de vice-Premier ministre. Enfin, le 5 juillet, Václav Havel sera reconduit à la tête de l'État par le Parlement.