8-29 juin 1992
Bosnie-Herzégovine. Renforcement de la pression internationale sur la Serbie
Le 8, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte à l'unanimité la résolution 758 qui prévoit de confier à un millier de casques bleus la protection de l'aéroport de Sarajevo, afin de permettre l'accès de l'aide humanitaire à la capitale bosniaque assiégée, dès que les conditions nécessaires à l'exécution de leur mandat seront réunies.
Le 17, le président bosniaque Alija Izetbegović conclut une alliance militaire avec son homologue croate Franjo Tudjman. Cet accord autorise les forces de Zagreb à intervenir contre les « irréguliers » serbes, et prévient ainsi d'éventuelles sanctions internationales contre la Croatie. Son application sur le terrain s'avère délicate.
Le 20, la présidence bosniaque proclame l'état de guerre sur l'ensemble du territoire.
Le 21, devant la poursuite des bombardements sur la capitale bosniaque, dont les quatre cent mille habitants survivent dans des conditions très difficiles, la Forpronu annonce la suspension des opérations visant à la réouverture de l'aéroport de Sarajevo.
Le 26, dans un message au Conseil de sécurité, Boutros Boutros-Ghali, secrétaire général des Nations unies, adresse un ultimatum à la Serbie pour que les attaques contre l'aéroport cessent dans les quarante-huit heures, sous peine d'obliger le Conseil de sécurité à envisager d'« autres moyens » pour secourir la population civile. Le même jour, tandis que la VIe flotte américaine entame des manœuvres « de routine » en Méditerranée, l'Union de l'Europe occidentale étudie la possibilité d'une intervention militaire dans l'ex-Yougoslavie, et le Conseil européen de Lisbonne se prononce en faveur d'une action internationale pour faire respecter les décisions de l'O.N.U., « sans exclure le recours à des moyens militaires ». Longtemps partisan de ne pas isoler Belgrade, la France opère un revirement en désignant pour la première fois la Serbie comme étant l'agresseur.
Le 28, à l'issue du Conseil européen, le président François Mitterrand, accompagné du ministre de la Santé et de l'Action humanitaire Bernard Kouchner, entreprend une visite surprise à Sarajevo pour essayer d'obtenir la réouverture de l'aéroport et démontrer sa solidarité envers la population civile. L'hélicoptère qui transporte le président français force le blocus de l'aéroport de Sarajevo imposé par les milices serbes.
Le 29, à l'expiration de l'ultimatum du secrétariat général, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte à l'unanimité la résolution 761 qui autorise « le déploiement immédiat d'éléments additionnels » à la Forpronu pour assurer la sécurité de l'aéroport de Sarajevo et permettre l'acheminement de l'aide humanitaire. Dans les heures qui suivent, les combattants serbes quittent les alentours de l'aéroport qu'ils occupaient depuis trois mois, et celui-ci est rouvert aux acheminements humanitaires.