8-29 octobre 1987
France. Intrusion des « affaires » dans la vie politique
Le 8, l'Assemblée nationale vote la mise en accusation devant la Haute Cour de justice de Christian Nucci, ancien ministre de la Coopération, accusé de détournement de fonds publics, par 340 voix (R.P.R., U.D.F., P.C., F.N.) contre 211 (P.S.). Avant le vote final, Christian Nucci a réaffirmé son innocence. Après le vote de la résolution, le 10 décembre, par le Sénat, le dossier sera transmis à une commission d'instruction composée de cinq magistrats membres de la Cour de cassation.
Le 12, le journal Le Monde révèle qu'Albin Chalandon possédait un compte courant rémunéré à la joaillerie Chaumet qui a déposé son bilan et dont le passif est évalué à plus de deux milliards de francs. Le garde des Sceaux avait jusqu'alors affirmé que ses relations avec la joaillerie Chaumet s'étaient limitées au dépôt, en 1982, de bijoux et de pierres précieuses. Protestant de la légalité d'« opérations commerciales » et non financières, effectuées « avec l'espoir de réaliser des plus-values sur des pierres », Albin Chalandon confirme, les jours suivants, dans la presse, les informations publiées par Le Monde, contre lequel il intente pourtant, le 28, une action en diffamation. Déclarant ne pas vouloir exploiter politiquement ces révélations, les socialistes continuent cependant à reprocher au garde des Sceaux d'être, dans cette affaire, à la fois juge et partie.
Le 27, Michel Droit, de l'Académie française, membre de la Commission nationale de la communication et des libertés (C.N.C.L.), est inculpé de « forfaiture » par Claude Grellier, juge d'instruction chargé de l'enquête sur les conditions d'attribution des fréquences sur la bande F.M. parisienne à la suite d'une plainte déposée en juillet contre le responsable de Radio-Courtoisie, Jean Ferré, par Larsen F.M., une radio évincée. Son avocat annonce son intention de déposer une plainte contre le juge Grellier pour violation du secret de l'instruction et de demander à la Cour de cassation de dessaisir celui-ci de l'instruction du dossier.
Le 29, le colonel de gendarmerie Christian Prouteau, ancien chef du G.I.G.N., puis de la cellule antiterroriste de l'Élysée, devenu conseiller technique de l'Élysée avec le titre de préfet, est inculpé de subornation de témoin par Alain Verleene, juge d'instruction chargé des suites de l'affaire dite des Irlandais de Vincennes. Cette inculpation, décidée après une réquisition du parquet en septembre, s'appuie sur les accusations, connues depuis avril 1984, d'un autre inculpé dans l'affaire, l'officier de gendarmerie Jean-Michel Beau. Cinq ans après les faits et sans qu'aucun élément nouveau soit récemment intervenu, l'enquête judiciaire aboutit à la mise en cause de celui que François Mitterrand a qualifié d'« homme extraordinaire ». Me Georges Kiejman, avocat de Christian Prouteau, laisse entendre que c'est le président de la République qu'on cherche à atteindre.