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8-30 avril 1985

France. Report du scrutin d'autodétermination en Nouvelle-Calédonie au-delà des législatives

Le 8, près de Houaïlou, sur la côte est de la Nouvelle-Calédonie, une enseignante métropolitaine, Simone Heurtaux, est tuée par un jet de pierre. Plusieurs agressions à coups de pierre avaient déjà eu lieu dans cette région mal contrôlée par le F.L.N.K.S. Les syndicats d'enseignants lancent un mot d'ordre de grève générale pour le 11 et deux mille personnes manifestent, ce jour-là, à Nouméa.

Le 20, deux manifestations, l'une anti-indépendantiste, l'autre à l'appel du F.L.N.K.S., ont lieu simultanément à Nouméa. D'autre part, à Paris, une journée internationale de solidarité avec le peuple canaque est marquée par un rassemblement qui réunit plus de cinq mille personnes à l'appel de plusieurs organisations de gauche. Jean-Marie Tjibaou déclare à cette occasion que « toute autre voie que celle de l'indépendance est impossible à imaginer pour la paix ».

Le 30, le Conseil des ministres adopte un projet de loi sur l'évolution de la Nouvelle-Calédonie dont les grandes lignes avaient été définies, le 25, au cours d'une séance extraordinaire du Conseil des ministres. Les projets d'« indépendance-association » proposés par Edgard Pisani ne sont pas abandonnés, mais le scrutin d'autodétermination est reporté au-delà des législatives de 1986 : il aura lieu, au plus tard, le 31 décembre 1987. D'ici là, la Nouvelle-Calédonie sera administrée selon un « régime transitoire » qui prévoit le découpage du territoire en quatre régions, chacune d'elles ayant à sa tête un « conseil » disposant de pouvoirs étendus et élu au suffrage universel et à la proportionnelle, normalement dès le mois d'août. Les indépendantistes devraient pouvoir disposer de la majorité dans deux ou trois des quatre régions. La réunion de tous les membres des quatre conseils régionaux composera le « congrès » du territoire qui remplacera l'assemblée territoriale. Le gouvernement sera autorisé à prendre des ordonnances.

D'autre part, il décide un important programme d'investissements, ainsi que le renforcement des installations militaires françaises à Nouméa. Tandis qu'Edgard Pisani regagne Nouméa le 26, l'opposition, tant nationale que territoriale, proteste vivement : Valéry Giscard d'Estaing et les six anciens Premiers ministres d'avant 1981 affirment, le 27, dans un texte commun, leur volonté de combattre le projet gouvernemental et le R.P.C.R., réuni en congrès le 28 près de Nouméa, n'exclut pas un « boycottage actif » des élections régionales. De son côté, le chef du F.L.N.K.S., Jean-Marie Tjibaou, sans approuver ouvertement le projet, déclare : « Le pouvoir régional va nous permettre de construire l'indépendance. »

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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