8-30 mars 2009
Madagascar. Renversement du pouvoir en place
Le 8, des soldats déclenchent une mutinerie dans un camp militaire près de la capitale, Antananarivo, pour protester contre la répression des manifestations menées par Andry Rajoelina, qui dénonce depuis le 26 janvier le pouvoir autocratique du président Ravalomanana. Les mutins affirment qu'ils n'obéiront plus aux ordres du régime.
Le 11, le chef d'état-major de l'armée qui avait été nommé par le président est remplacé; le lendemain, la police et la gendarmerie se mettent sous les ordres du nouveau chef militaire.
Le 14, l'opposition, qui obtient le soutien de l'armée, s'empare des bureaux, désertés, du Premier ministre. Le Premier ministre de la Haute Autorité de transition, Roindefo Monja, déclare que le président, l'Assemblée nationale, le Sénat et le gouvernement sont « déchus de leurs fonctions ».
Le 16, l'armée donne l'assaut aux bureaux de la présidence à Antananarivo pour « précipiter le départ » du chef de l'État, alors que ce dernier est retranché dans son palais d'Iavoloha, dans la banlieue de la capitale.
Le 17, Marc Ravalomanana finit par démissionner et confie ses pouvoirs à un « directoire militaire », lequel les transfère immédiatement à Andry Rajoelina. Celui-ci se proclame président de l'île et promet d'organiser des élections d'ici à deux ans.
Le 20, alors que le nouvel homme fort du pays a annoncé la veille la « suspension des activités de l'Assemblée nationale et du Sénat », l'Union européenne et les États-Unis qualifient de « coup d'État » son arrivée au pouvoir.
Le 20 également, l'Union africaine suspend Madagascar de ses instances, et précise que le nouveau gouvernement de transition a six mois pour convoquer des élections conformément à la Constitution malgache.
Le 23, une manifestation en faveur du président déchu rassemble dans les rues de la capitale plus de trois mille personnes qui demandent le départ du nouveau chef de l'État. Les jours suivants, des manifestations de l'opposition sont violemment dispersées, faisant plusieurs dizaines de blessés.
Le 30, la Communauté de développement d'Afrique australe décide, lors d'un sommet au Swaziland, d'exclure Madagascar de ses instances « jusqu'au retour de l'ordre constitutionnel »; elle invite Andry Rajoelina à se retirer du pouvoir.
Le 30 également, le nouveau président décide de réviser l'ensemble des contrats passés avec les investisseurs étrangers, notamment dans le secteur minier; il en dénonce les termes peu favorables à la population et les trop faibles bénéfices tirés par Madagascar.