8 octobre-5 novembre 1998
France. Mouvement de revendication lycéen
Le 8, alors qu'un mouvement de grèves s'étend depuis le début du mois dans les établissements de province, le ministre de l'Éducation, Claude Allègre, déclare « partager le diagnostic des lycéens ». Le même jour paraît au Journal officiel la circulaire relative à la démocratisation de la vie lycéenne, premier point de la réforme des lycées lancée en avril. Les autres points de la réforme concernent la simplification des programmes, la diminution du nombre d'heures de cours et le redéploiement du temps de service des enseignants. De leur côté, les lycéens réclament également la création de postes, notamment de surveillants, une meilleure organisation des emplois du temps, la diminution du nombre d'élèves par classe et de meilleures conditions de vie dans leurs établissements.
Le 12, le mouvement gagne Paris et sa banlieue. Une manifestation réunit 10 000 lycéens dans les rues de la capitale.
Le 15, la journée nationale d'action des lycéens rassemble quelque 500 000 personnes, dont 30 000 à Paris où le défilé est marqué par des incidents violents.
Le 20, une deuxième journée nationale d'action des lycéens, à laquelle se joignent des enseignants, à l'appel de certains syndicats, réunit encore près de 300 000 manifestants à travers la France. Plusieurs coordinations se disputent la représentation du mouvement lycéen : l'« officielle », d'inspiration socialiste, est issue de la Fédération indépendante et démocratique lycéenne, une autre est proche des communistes et de l'extrême gauche, d'autres ont leur souche en province.
Le 21, Claude Allègre présente aux lycéens et au Parlement son « plan d'action immédiat pour l'avenir des lycées ». Un « fonds exceptionnel d'aménagement des lycées » de 4 milliards de francs sur quatre ans est chargé d'accorder aux régions des prêts à taux zéro pour la rénovation des locaux ; un Conseil de la vie lycéenne, qui sera entendu notamment sur la question des emplois du temps, est créé dans chaque établissement ; 14 000 postes supplémentaires – surveillants, emplois-jeunes et appelés du contingent – seront créés pour améliorer l'animation et la surveillance des lycées ; les programmes seront allégés dès le retour des vacances de la Toussaint ; des mesures seront adoptées en vue d'aboutir, en 1999, à une moyenne inférieure à trente-cinq élèves par classe de baccalauréat.
Le 29, le ministre désamorce en partie le mouvement de contestation en promettant le recrutement de 3 000 enseignants supplémentaires à partir de la rentrée des vacances de la Toussaint.
Le 5 novembre, la faible mobilisation lors de la journée d'action montre l'essoufflement du mouvement lycéen.