9-27 janvier 1986
Royaume-Uni. Remous autour du rachat de la société Westland
Le 9, Michael Heseltine, ministre de la Défense britannique, annonce sa démission. Il avait vainement pris position, à propos du rachat de la société de construction d'hélicoptères Westland, en faveur de l'offre d'un consortium européen regroupant Aérospatiale (France), Agusta (Italie), British Aerospace et G.E.C. (Grande-Bretagne) et Messerschmitt (R.F.A.), contre la proposition de la société américaine Sikorsky, alliée à Fiat. En raison de ce choix, il s'opposait directement au ministre de l'Industrie et du Commerce Leon Brittan, et, indirectement, à Margaret Thatcher. Après sa démission, George Younger, ministre chargé de l'Écosse, est aussitôt nommé ministre de la Défense.
Le 13, Leon Brittan est obligé de reconnaître, devant la Chambre des communes, l'existence d'une lettre envoyée par la direction de British Aerospace à Margaret Thatcher. Ce document établit que des pressions ont été exercées par le ministre de l'Industrie, avec l'aval du Premier ministre, pour que la firme britannique, en se retirant du consortium européen rival de Sikorsky, laisse le champ libre à la firme américaine.
Le 15, Margaret Thatcher réaffirme, devant la Chambre des communes, que le gouvernement ne s'est pas départi de sa neutralité dans cette affaire. Mais son intervention ne fait pas taire les critiques de l'opposition travailliste et les soupçons d'une partie de la majorité conservatrice.
Le 17, l'assemblée générale des actionnaires de Westland est convoquée au Royal Albert Hall, seul édifice assez vaste à Londres pour abriter les milliers de porteurs de parts. La proposition américaine, seule à l'ordre du jour de la réunion, est repoussée : elle ne recueille que 65 p. 100 des voix, au lieu des 75 p. 100 requis pour autoriser une prise de participation majoritaire de Sikorsky.
Le 24, le ministre de l'Industrie démissionne à son tour. Leon Brittan accepte ainsi la responsabilité de la « fuite » de documents confidentiels reprochant à Michael Heseltine des « inexactitudes » dans ses prises de position dans l'affaire Westland, alors qu'il était encore ministre.
Le 27, au terme d'un débat houleux à la Chambre des communes, la motion de défiance déposée par les travaillistes est repoussée avec une majorité de 160 voix. Toutefois, cette unanimité des conservateurs derrière le Premier ministre n'efface pas complètement le malaise provoqué par cette affaire au sein du Parti conservateur.