9-27 octobre 2008
France. Malaise des magistrats
Le 9, la ministre de la Justice, Rachida Dati, se rend à la maison d'arrêt de Metz-Queuleu (Moselle) où un adolescent de seize ans s'est pendu dans sa cellule le 6 – le quatre-vingt-septième détenu en France à se donner la mort depuis le début de l'année. Elle critique la « mauvaise décision » du procureur et du substitut de Sarreguemines qui ne s'étaient pas fait présenter le mineur avant son incarcération et déclare que cette présentation – que les textes n'imposent pas – doit être inscrite dans la loi; de leur côté, les syndicats de magistrats dénoncent les effets du durcissement, selon eux, de la répression. En septembre, la garde des Sceaux avait déjà critiqué les surveillants de la prison de Rouen où un détenu avait tué son compagnon de cellule.
Le 10 s'ouvre à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) le congrès annuel de l'Union syndicale des magistrats (U.S.M.), organisation modérée, en l'absence remarquée de la Garde des sceaux. Le président de l'U.S.M., Christophe Renard, dénonce le « mépris » dont celle-ci ferait preuve à l'égard des magistrats.
Le 20, Rachida Dati se rend à la cité judiciaire de Metz où de nombreux magistrats l'accueillent en brandissant des pancartes « Justice bafouée, démocratie en danger », et refusent de la rencontrer.
Le 23, plusieurs centaines de magistrats répondent à travers la France à l'appel de leurs deux principaux syndicats, l'U.S.M. et le Syndicat de la magistrature, à manifester contre la politique de Rachida Dati.
Le 27, le président Nicolas Sarkozy reçoit des représentants de l'U.S.M. qu'il assure de son « respect » de l'indépendance de la justice et à qui il déclare vouloir apaiser le « malaise » ressenti par les magistrats.