9-28 juin 1982
France. Dévaluation du franc, blocage des prix et des salaires
Le 9, François Mitterrand, dans sa conférence de presse, faisant le point sur la situation économique, annonce la « deuxième phase » du changement, et en énumère les conditions.
Le 12, à Bruxelles, les ministres des Finances des Dix décident de réajuster les parités de quatre monnaies au sein du système monétaire européen : le mark et le florin sont réévalués de 4,25 p. 100, tandis que la lire et le franc français sont dévalués respectivement de 2,75 p. 100 et 5,75 p. 100. Ce dernier perd ainsi 9,59 p. 100 par rapport au mark allemand.
Le 13, Pierre Mauroy et Laurent Fabius annoncent un ensemble de mesures destinées à accompagner la dévaluation, dont le but est de réduire le taux d'inflation au-dessous de 10 p. 100 sans mettre en cause la croissance, ni aggraver le chômage. Les prix sont bloqués jusqu'au 31 octobre (à l'exception des prix agricoles et de ceux des produits énergétiques), ainsi que les revenus, salaires, marges commerciales, loyers et distributions de dividendes (à l'exception du S.M.I.C., qui augmente de 3,2 p. 100 le 1er juillet). Le déficit budgétaire, en 1983 comme en 1982, devra se limiter à 3 p. 100 du produit intérieur brut (P.I.B.), et une contribution de solidarité en faveur des chômeurs sera demandée aux fonctionnaires et professions libérales qui, jusqu'alors, ne cotisaient pas à l'U.N.E.D.I.C.
Le 14, Raymond Barre juge sévèrement ces décisions, y voyant « la sanction d'une politique économique et sociale aventureuse », tandis que Valéry Giscard d'Estaing en dénonce « l'improvisation ».
Le 15, le C.N.P.F. condamne le blocage des prix et réclame une suspension de l'application des lois Auroux sur les nouveaux droits des travailleurs, en cours d'examen à l'Assemblée nationale.
Le 17, à Lille, devant le congrès de la C.G.T. qui va l'élire secrétaire général pour succéder à Georges Séguy, Henri Krasucki qualifie le blocage des salaires d'« erreur économique » et de « faute politique », tandis que, le 22, à Ajaccio, Georges Marchais estime qu'il est « injuste » et « pas du tout nécessaire ».
Le 23, le projet de loi prévoyant le blocage des prix et des salaires adopté en Conseil des ministres est soumis à l'Assemblée. Pierre Mauroy, qui a tenté en vain d'associer les partenaires sociaux à son action en les recevant à Matignon le 17, engage par deux fois la responsabilité de son gouvernement : il obtient la confiance des députés sur sa politique économique par 329 voix contre 157. Une motion de censure, défendue pour le R.P.R. par Jacques Chirac, recueille 157 voix pour une majorité requise de 246.
Le 28, le projet sur les prix et les salaires est considéré comme adopté en première lecture par les députés après qu'une nouvelle motion de censure, déposée par l'U.D.F., n'a recueilli que 138 voix.