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9-30 juin 1991

France. Nouveaux débats autour de l'immigration et de la sécurité dans les banlieues

Le 9, au cours d'un « rodéo » nocturne de voitures volées à Mantes-la-Jolie, une femme policier de trente-deux ans est tuée par l'un des véhicules, puis un policier tire sur une autre automobile, tuant l'un des passagers, un Algérien de vingt-trois ans. Ces scènes de violence ont lieu non loin du quartier du Val-Fourré, déjà placé sous les feux de l'actualité deux semaines auparavant par des échauffourées entre jeunes casseurs et policiers, suivies par la mort d'un jeune Maghrébin au commissariat de la ville. Les policiers chargés du maintien de l'ordre dans les banlieues à risques se plaignent de ne pas disposer de consignes claires sur l'attitude à tenir en cas d'incidents.

Le 11, alors même que trois des participants au rodéo mortel sont arrêtés, les policiers de Mantes manifestent silencieusement dans les rues de la ville. Dans la journée, au cours d'un déplacement en Champagne-Ardenne, le président de la République, évoquant le « sacrifice » de la jeune femme policier, indique qu'« il n'y a pas de zones interdites pour le respect de la loi ».

Le 12, le gouvernement débloque 140 millions de francs pour financer une série de mesures d'urgence en faveur des jeunes des banlieues. Il s'agit avant tout d'éviter un « été chaud » dans les grandes cités périphériques, mais aussi de prendre en considération les problèmes éducatifs et de chômage que révèle cette violence.

Le 19, au cours d'un dîner-débat à Orléans, Jacques Chirac, constatant qu'en matière d'immigration il y a « overdose », stigmatise les excès du regroupement familial et les nuisances de « bruit et d'odeur » qu'ils entraînent pour le voisinage. Ces propos provoquent une polémique politique, Édith Cresson les trouvant « choquants » et à « connotation raciste », François Mitterrand y voyant « un déni au respect que l'on doit aux gens ».

Dans la nuit du 23 au 24, de violents incidents opposent les forces de l'ordre à des fils de harkis regroupés dans la cité des Oliviers, à Narbonne. Quatre jeunes gens sont incarcérés. Ces jeunes Français, en butte au même racisme que les immigrés, sont d'autant plus exaspérés que leurs parents ont pris le parti de la France lors de la guerre d'Algérie.

Le 26, évoquant ce dossier à l'Assemblée nationale, Édith Cresson estime que la « nation a une dette » envers la communauté harkie et lui promet « des sous ». Ces propos n'empêchent pas le mouvement de révolte de faire tâche d'huile vers d'autres villes du Midi, particulièrement Avignon. À la fin du mois, dix-huit départements sont touchés.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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