9-30 novembre 1994
Bosnie-Herzégovine. Division de la communauté internationale face à l'offensive serbe contre la poche de Bihac
Le 9, alors que l'offensive des forces gouvernementales lancée depuis la fin d'octobre sur plusieurs fronts n'avait pas encore rencontré de véritable résistance, les Serbes bosniaques alliés aux troupes du leader musulman proserbe Fikret Abdic et aux forces serbes croates de Krajina engagent une violente contre-offensive contre l'enclave musulmane de Bihac, dans le nord-ouest du pays. Dans le même temps, le centre de Sarajevo est de nouveau la cible des obus serbes. Dans les deux cas, les « zones de sécurité » instaurées par les Nations unies sont violées.
Le 11, se démarquant de leurs alliés occidentaux sous la pression du Congrès, les États-Unis annoncent qu'ils ne participeront plus au contrôle de l'embargo sur les armes à destination de la Bosnie, sans toutefois lever unilatéralement cet embargo. L'O.T.A.N. – dont les forces sont majoritairement américaines – continue à faire respecter cet embargo.
Le 19, le lendemain du largage d'une bombe au napalm sur Bihac par l'aviation serbe, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte à l'unanimité, avec l'accord de Zagreb, la résolution 958 qui autorise l'O.T.A.N. à exercer des frappes aériennes contre le territoire croate sous contrôle serbe d'où partent les raids dirigés contre l'enclave musulmane. Le 20, par crainte de représailles, les 31 000 casques bleus stationnés en Bosnie et en Croatie sont placés en état d'alerte maximale.
Le 21, une trentaine d'avions de l'O.T.A.N. bombardent l'aéroport d'Ubdina, en Krajina.
Le 23, de nouveaux raids alliés sont effectués contre trois positions serbes de défense anti-aérienne en bordure de la poche de Bihac, en réponse à des tirs dirigés contre des avions de l'O.T.A.N., la veille. En réaction, les Serbes bosniaques interdisent tout déplacement aux casques bleus stationnés sur le territoire de leur « république autoproclamée ». Le même jour, les forces serbes pénètrent dans la « zone de sécurité » de Bihac dont l'approvisionnement est coupé, alors qu'Américains, Européens et Russes ne parviennent toujours pas à arrêter une position commune.
Le 27, alors que l'O.N.U. et l'O.T.A.N. semblent renoncer à une option militaire, le secrétaire d'État américain William Perry reconnaît implicitement la victoire militaire serbe sur le terrain, se ralliant ainsi à l'approche diplomatique défendue par les Européens et les Russes.
Le 30, le secrétaire général des Nations unies Boutros Boutros-Ghali se rend à Sarajevo. Le gouvernement bosniaque met en cause son impuissance, tandis que les Serbes bosniaques boycottent sa visite.