9-31 décembre 1990
Albanie. Autorisation du multipartisme
Les 9 et 10, des étudiants manifestent dans les rues de Tirana en réclamant des réformes, et en scandant les noms de Mikhaïl Gorbatchev et du président Ramiz Alia. Ce dernier est considéré comme un réformateur, contraint de composer avec le Parti du travail albanais (P.T.A., communiste), qui est resté conservateur.
Le 11, Ramiz Alia reçoit une délégation d'étudiants, puis réunit un plénum extraordinaire du comité central du P.T.A., qui limoge plusieurs membres du bureau politique. La création d'autres formations politiques, qui pourront présenter des candidats dès les élections législatives prévues le 10 février 1991, est acceptée. Cette avancée sur la voie du multipartisme est saluée par une explosion de joie à Tirana, où des milliers de personnes descendent dans la rue.
Le 12, des étudiants et des intellectuels déposent officiellement les statuts du Parti démocratique, qui devient ainsi la première formation politique indépendante.
Le 13, des troubles éclatent dans plusieurs villes du pays, notamment à Shkoder, où le siège du parti est incendié. L'agitation s'étend le lendemain à la cité industrielle d'Elbasan. Plus de cent cinquante personnes sont arrêtées, dont vingt-six seront condamnées à des peines allant de cinq à vingt ans de prison.
Le 21, la déstalinisation est officiellement décrétée par le gouvernement. Tous les symboles du passé doivent disparaître et, dans la capitale, la statue du Petit Père des peuples est enlevée pendant la nuit.
Le 22, lors de la première manifestation officielle d'un parti d'opposition depuis plus de quarante ans, organisée sur le campus de Tirana, le Parti démocratique demande le report des élections du 10 février, afin d'avoir le temps de s'y préparer, tandis que se constitue une seconde formation indépendante, le Parti chrétien-démocrate.
Le 26, Ramiz Alia reconnaît, devant le P.T.A., que des « erreurs » ont été commises dans le passé, mais que le parti n'entend pas pour autant abandonner l'idéologie marxiste.
Le 28, le gouvernement autorise la parution du journal du Parti démocratique, qui devient ainsi le premier journal non officiel publié dans le pays.
Les 30 et 31, plusieurs centaines d'Albanais d'origine grecque se réfugient sans papiers en Grèce sans que les gardes-frontières ne les en empêchent. Athènes proteste contre cet exode autorisé.