9-31 mars 1990
France. Le racisme et l'immigration au cœur du débat politique
Le 9, Michel Rocard installe officiellement le Haut Conseil de l'intégration. Cet organisme, dont la création a été décidée le 19 décembre 1989 pour accélérer la politique d'intégration des immigrés, est présidé par Marceau Long, et composé de neuf membres.
Le 10, deux crimes racistes font deux morts : à Saint-Florentin (Yonne), le cuisinier d'un restaurant situé dans une cité H.L.M. tire sur de jeunes Maghrébins et, à Roanne (Loire), une voiture fonce sur un groupe de jeunes immigrés. Ces affaires, qui ne sont pas isolées, soulèvent l'indignation de la classe politique et suscitent des manifestations antiracistes. Tandis que le Premier ministre demande l'application « sans défaillance » des lois de la République, Charles Pasqua (R.P.R.) propose d'engager sur cette question un dialogue entre la majorité et l'opposition. Seul Jean-Marie Le Pen pense que ces « incidents » renforcent les thèses du Front national.
Le 27, Michel Rocard présente une série de mesures destinées à lutter contre le racisme et la xénophobie. Il réunira, le 3 avril, à Matignon, les dirigeants des principaux partis politiques pour débattre de ce plan.
Le 30 s'ouvre à Nice le huitième congrès du Front national ; il est l'occasion, pour Jean-Marie Le Pen, réélu président le 31, d'ironiser sur les récentes déclarations du gouvernement comme de l'opposition sur l'immigration.
Le 31 mars et le 1er avril, à Villepinte (Seine-Saint-Denis), toutes les formations de l'opposition se réunissent pour les « états généraux » sur l'immigration. À l'issue de débats constructifs, la droite et les centristes se mettent d'accord sur une série de propositions, tandis que Valéry Giscard d'Estaing propose un référendum sur la réforme du Code de la nationalité.