Ancienne classification du monde vivant en trois règnes
Cette vision en trois règnes du monde vivant était loin d’être satisfaisante malgré son apparente simplicité. Les algues bleues (cyanobactéries), qui possèdent de la chlorophylle a (comme les végétaux eucaryotiques), sont placées dans le règne végétal bien qu’étant des bactéries, donc des procaryotes. La première grande division de cette classification du vivant – entre procaryotes et eucaryotes – n’est donc pas respectée. Les champignons sont classés au sein du règne végétal alors qu’ils ne font pas la photosynthèse et que leur substance de réserve, le glycogène, est la même que celle des métazoaires (animaux). Mais comme ils ne se déplacent en général pas (quoique les plasmodes des myxomycètes se déplacent) et ne capturent généralement pas de proies, on ne peut donc pas les considérer comme des animaux. Les lichens forment un groupe distinct de végétaux chlorophylliens, séparé des champignons, alors que ce sont des champignons qui hébergent des cyanobactéries ou des algues vertes. La notion de règne végétal pour des organismes autotrophes incapables de se déplacer s’opposant à celle de règne animal pour des organismes autonomes et capturant des proies est, malgré l’existence de plantes carnivores, bien adaptée à la séparation des embryophytes et des métazoaires. Mais elle ne fonctionne plus dès qu’on examine des unicellulaires : que penser d’algues faisant la photosynthèse (donc de nature végétale) mais étant capables de se déplacer et de capturer des proies, comme les animaux ? Pour résoudre ce problème on créera le règne des protistes (ou protoctistes) rassemblant des organismes qui ne seront considérés ni comme des animaux, ni comme des végétaux. Mais ce règne fourre-tout se révélera tout aussi inadapté.
Encyclopædia Universalis France - Conditions d'utilisation