France : drapeau
France (1789 ; off. 1794). Sans remonter aux couleurs du manteau de saint Martin, de l'oriflamme de saint Denis et de la robe de la Vierge Marie, on peut dire que depuis fort longtemps le blanc était la couleur de la royauté, le bleu et le rouge celles de Paris (dès 1358, l'écu de la Ville portait « un bateau d'argent sur champ de gueules sous un chef d'azur fleurdelisé d'or »). Aussi, lorsque le 17 juillet 1789, Louis XVI reçu à l'Hôtel de Ville se voit remettre par Lafayette, commandant de la Garde nationale parisienne, une cocarde où l'on vient d'adjoindre la couleur du roi et de la nation à celles de Paris, cette toute première cocarde tricolore ne veut que sceller la bonne entente d'alors entre le roi et la capitale du royaume.
Et puis les trois couleurs deviennent drapeau. Mais la Révolution, le Consulat et l'Empire les disposeront de diverses manières, y compris en bandes horizontales bleu-blanc-rouge ou rouge-blanc-bleu. Un décret du 24 octobre 1790 atteste déjà que dorénavant le pavillon des gens de mer serait bleu, blanc et rouge ; mais le rouge est alors près de la hampe et l'ensemble du dessin est fort complexe. On peut dater du 27 pluviôse an II (15 février 1794) la véritable naissance de l'actuel pavillon français simplement tricolore : la Convention nationale décrète qu'à compter du 1er prairial (20 mai) « le pavillon sera formé des trois couleurs nationales disposées en trois bandes égales posées verticalement, de manière que le bleu soit attaché à la gaule du pavillon, le blanc au milieu et le rouge flottant dans les airs ».
Mais le drapeau français subira encore bien des avatars. Si sur mer le pavillon est désormais bien réglementé, sur terre, les bandes verticales ne sont officiellement adoptées que par décision napoléonienne de 1812 ; la Restauration fait flotter le drapeau blanc sur le pays ; le tricolore réapparaît brièvement sous les Cent Jours ; en juillet 1830, Louis-Philippe le « roi-citoyen » décrète qu'à nouveau « le drapeau de la nation française sera bleu, blanc, rouge » (avec un coq gaulois et les mots « Honneur et Patrie ») ; en 1848, c'est Lamartine qui défend vigoureusement le tricolore contre le drapeau rouge ; un court moment, l'ordre des bandes verticales sera cette fois bleu-rouge-blanc ; on reviendra bien vite à l'ordre définitif, mais avec la devise « Liberté Égalité Fraternité Unité » encadrant les lettres R F.
N.B. Le bleu réglementaire du drapeau français est un bleu marine profond, presque noir ; dans le pavillon de marine, les bandes ne sont pas d'égale largeur, mais de proportions 30-33-37, afin que le battant rouge soit toujours bien visible malgré les plis dus au vent.
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