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Phase décisive dans la création d'un film, le montage est l'art de combiner, d'agencer les séquences d'un film. Longtemps effectuée manuellement, cette tâche est le travail d'un spécialiste, parfois du réalisateur lui-même.
Les tout premiers films, très courts, sont de simples plans-séquences. Néanmoins, Louis Lumière a très vite l'idée d'assembler bout à bout plusieurs séquences. De même, Georges Méliès prend conscience de l'intérêt de monter les images, notamment pour réaliser effets de style et truquages. Si le montage reste alors linéaire et subordonné à la chronologie, les cinéastes prennent conscience des possibilités narrative, expressive et esthétique qu'offre un montage plus complexe. Ainsi, dès 1903, Edwin Stratton Porter, dans Le Vol du rapide, montre l'intérêt d'un montage dit « narratif ».
Dans Naissance d'une nation, tourné en 1915, David Griffith perfectionne le montage « alterné », qui brise la linéarité de l'histoire en alternant successivement plusieurs actions simultanées. Dans Intolérance, l'année suivante, il développe le montage « en parallèle », dans lequel plusieurs lieux et époques se succèdent sans autre lien apparent que celui du thème de l'intolérance.
Autre pionnier du cinéma, Serge Eisenstein développe au maximum les ressources du montage, qui doit susciter selon lui des émotions, des idées, que les images seules ne peuvent montrer. Dans des films tels que La Grève, Le Cuirassé Potemkine ou Octobre, il se joue de l'ordre chronologique et procède à des juxtapositions de plans inattendus pour faire naître une réflexion.
Si plusieurs cinéastes audacieux, comme Orson Welles ou Jean-Luc Godard, explorent de nouvelles voies, les principes du montage sont posés dès les années 1920-1930. Malgré les multiples façons de monter un film, le conformisme du public a fait triompher la continuité narrative, et les évolutions dans le montage relèvent désormais plus de la pure technique que d'innovations dans la narration.