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MALLET-STEVENS ROBERT (1886-1945)

Mallet-Stevens fut un des architectes français les plus proches de l'avant-garde internationale et un des plus éloignés de la tradition des beaux-arts. Architecte, décorateur, enseignant, concepteur de décors de cinéma, de meubles, d'aménagements intérieurs et de boutiques, il représente une figure incontournable de l'architecture moderne et incarne une tentative, restée rare en France, de conciliation entre l'architecture et les arts appliqués.

Dans une lignée viennoise

Né le 24 mars 1886 à Paris, fils de Maurice André Mallet, expert en tableaux et de Juliette Stevens, petit-fils d'Arthur Stevens, collectionneur et critique belge, Robert Mallet-Stevens passe son enfance à Maison-Laffitte. Il est formé à l'École spéciale d'architecture à Paris de 1903 à 1906. Ses premiers articles, écrits en collaboration avec Jacques Rœderer, sont publiés en 1907 et 1908 dans la revue britannique The Architectural Review, puis dans les revues belges, Le Home et Tekhné, dès 1911, ainsi que dans des périodiques français comme L'Illustration. Ses premiers projets sont exposés à partir de 1912 au Salon d'automne à Paris et publiés dans la revue Der Architekt en 1911 et en 1914-1915.

Les débuts de la carrière de Robert Mallet-Stevens sont nettement inspirés de l'œuvre de Joseph Hoffmann et des principes des Wiener Werkstätte. Le Palais Stoclet (1905-1911), construit à Bruxelles par Joseph Hoffmann et commandité par Adolphe Stoclet, l'oncle de Mallet-Stevens, est pour lui un modèle : une œuvre totale marquée par une volumétrie rigoureuse, la synthèse des arts, l'utilisation raisonnée de l'ornement et une logique de l'expression du parement. L'influence de la Sécession viennoise est encore présente bien après la guerre dans certains projets ou encore dans Une cité moderne, recueil conçu en 1917 et publié en 1922. Cet ouvrage, dont le titre est un double hommage à Tony Garnier et à Antonio Sant'Elia, se présente comme un catalogue d'architectures composées de volumes élémentaires articulés, généralement symétriques. La fréquentation de Francis Jourdain qui, en France, est un fervent défenseur d'Adolf Loos, et la connaissance de l'œuvre de Joseph Hoffmann et du Werkbund allemand complètent la position de Mallet-Stevens et sa vision du rôle de l'ornement et de la plastique dans l'architecture.

À partir de 1922, les projets délaissent la symétrie pour préférer le dynamisme plastique sous l'influence des réalisations du groupe néerlandais De Stijl. Le pavillon pour un aéroclub présenté au Salon d'automne en 1922 illustre bien cette évolution qui est également liée à la pratique de l'architecte en tant que décorateur de cinéma. Mallet-Stevens conçoit le décor d'une dizaine de films de 1920 à 1928, dont les plus marquants sont L'Inhumaine (1923-1924) et Le Vertige (1926), tous deux réalisés par Marcel L'Herbier. Son travail au cinéma donne lieu à l'expression d'une doctrine des relations entre décor et art cinématographique qui est transposée très directement dans certains de ses projets construits. Mallet-Stevens est professeur à l'École spéciale d'architecture à Paris de 1923 à 1924 et y organise, du 1er mars au 30 avril 1924, l'expositionL'Architecture et les arts qui s'y rattachent qui illustre ses nouvelles orientations, mais entraîne la polémique et sa démission de l'école.

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Écrit par

  • : professeur à l'École nationale supérieure d'architecture de Strasbourg, chercheur au L.A.C.T.H.-E.N.S.A.P. de Lille

Classification

Pour citer cet article

Richard KLEIN. MALLET-STEVENS ROBERT (1886-1945) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PARIS

    • Écrit par Jean-Pierre BABELON, Michel FLEURY, Frédéric GILLI, Daniel NOIN, Jean ROBERT, Simon TEXIER, Jean TULARD
    • 32 119 mots
    • 21 médias
    ...hiérarchie, toute analogie ou solidarité entre la forme d'une part, la distribution et la fonction d'autre part. À quelques mètres de là, Robert Mallet-Stevens, dans la rue qui porte son nom dès son ouverture en 1927, utilise le béton armé pour créer en premier lieu des volumes formant autant...
  • PROUVÉ JEAN (1901-1984)

    • Écrit par Joseph ABRAM
    • 2 027 mots
    En 1924, il fonde son propre atelier de ferronnerie à Nancy (rue du Général-Custine). Il travaille d'abord pour le compte d'architectes locaux tels que Paul Charbonnier, Pierre Le Bourgeois, Jean Bourgon, puis, à partir de 1926, pour Robert Mallet-Stevens. L'architecte parisien lui commande...

Voir aussi